Vote blanc : l’épouvantail du “blocage politique”

La reconnaissance du vote blanc fait partie de ces mesures simples et justes avec lesquelles toute démocratie représentative digne de ce nom devrait composer. Hélas, malgré plus d’une trentaine de propositions de lois (de droite comme de gauche) allant en ce sens,  nos politocrates semblent déterminés à ne pas remettre leur monopole en cause. Il faut les comprendre : la possibilité d’un peuple de dire non à leur agissements à de quoi leur faire peur. Des peurs que les journalistes ont également l’habitude de brandir pour reléguer l’idée.

Exemple classique de levée d’épouvantail pour faire faire du vote blanc l’objet d’une crainte pour la Démocratie, le journaliste Philippe Plassart écrit dans Le Nouvel Economiste :

La sociologue Monique Pinçon-Charlot, qui couple la reconnaissance du vote blanc avec l’obligation de voter, va jusqu’à poser cette règle : si le score des blancs dépasse les 40 %, alors il y aurait obligation d’organiser un nouveau scrutin avec de nouveaux candidats. Un scénario difficilement envisageable.

Et plus loin :

La reconnaissance du vote blanc est encore moins opérationnelle dans le cadre d’un scrutin proportionnel. “Dans cette hypothèse, il faudrait laisser des sièges vacants à proportion des votes blancs enregistrés”, explique Pierre Bréchon (…) Conclusion : la reconnaissance du vote blanc , même parée des meilleures intentions du monde, débouche sur une impasse. Et cela se comprend puisque la finalité d’une élection n’est pas tant d’exprimer une opinion – fût-elle sa défiance vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble – que de choisir un représentant.

Nous avons ici en filigrane la critique habituelle du vote blanc : « le reconnaitre, c’est ouvrir la porte à risque de blocage institutionnel (et c’est dangereux !)« . Ce genre d’analyse est symptomatique du manque de mise en perspective par les journalistes et autres fabricants d’opinions toutes faites des idées un tant soit peu « alternatives » qui leur tombent sous la dent.

Une chose est d’imaginer la reconnaissance du vote blanc à la veille d’une élection alors que la campagne électorale est bien avancée (comme aujourd’hui): dans ce cas-ci, le risque de blocage est réel, surtout après une campagne aussi peu à l’honneur des prétendants au pouvoir… Il faudrait certainement recommencer l’élections à plusieurs reprises faute de candidat correct pour la majorité.

Une autre est d’imaginer que l’on introduise cette mesure bien avant le lancement même de la campagne. Dans ce contexte, les médias ainsi que les instituts de sondage seraient alors forcés d’étudier de plus près la catégorie d’électeurs refusants de voter pour un quelconque candidat. On pourrait alors imaginer que si le vote blanc montait dans les sondages, une plus grande attention serait portée par les candidats sur ce groupe d’électeurs. Ils auraient tout à gagner à tenter de les séduire pour avoir leurs voix, et donc à les écouter. Ils modifieraient leurs programmes en conséquence et s’en verraient renforcés. De même que la qualité du débat.

Si cela n’arrive pas, alors un scénario encore plus intéressant pourrait apparaitre. Les voteurs blancs pourraient se compter et auraient conscience de leur véritable pouvoir. De là découle une certaine responsabilité : ils seraient alors encouragées à s’organiser eux-mêmes pour faire valoir leurs idées. Par exemple en lançant leurs propres partis politiques qui représenteraient de nouvelles voies, à la fois dans les idées, mais aussi dans la forme d’organisation en tant que parti. Pourquoi pas constituer un parti sans aucun programme, mais dont les représentants (tirés au sort?) s’engageraient à consulter leurs adhérents à chaque décision, un peu sur le modèle de la Démocratie liquide du parti pirate ? Dans un tel scénario, la Démocratie s’en retrouverait belle et bien renforcée.

Le risque de blocage est une fausse excuse

Mais encore faut-il comprendre que la possibilité d’un blocage institutionnel est en vérité le meilleur remède contre celui-ci : son éventualité pousse les uns et les autres à agir pour l’éviter. Tandis qu’aujourd’hui, nous sommes dans la situation inverse où tout est déjà bloqué au niveau de la société, sauf précisément le déroulement pseudo démocratique de la vie politique au travers de ses échéances électorales. Tout se passe comme si nous étions en Démocratie, alors que derrière les façades, nous sommes loin du compte.

Mais naturellement, tant que les institutions négligent totalement les abstentionnistes/votes blancs, il n’y a que très peu de chances que les citoyens éveillés prennent ce genre d’initiative. En absence de véritable reconnaissance de ce mode d’expression, de prise en compte sérieuse dans les sondages et de sérieux pouvoir de blocage, ceux-ci se retrouvent irrémédiablement isolés dans leur coin, sans aucun pouvoir de groupe. Et le bipartisme continuera de triompher contre son peuple.

Si le match est truqué, vous jouez encore ? Pour ma part, je risque fortement de voter en touche !

59 commentaires

  • Bien d’accord avec toi, Stan, l’introduction du vote blanc est une nécessité et un impératif pour notre démocratie.

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  • Tassin

    Je ne comprend pas le passage sur « les votants blanc pourraient lancer leur parti politique.
    Qu’est-ce qui empêche d’en lancer un dès maintenant? Rien.
    J’ai remarqué en discutant avec plusieurs personnes votant blanc que c’est bien souvent par fainéantise de s’informer qu’ils agissent ainsi.
    Alors former un parti politique…

    Sinon y’a le Front de Gauche qui propose une VIème république avec une issue vachement plus démocratique.

    • @Tassin Qu’est-ce qui empêche d’en lancer un dès maintenant? Rien.

      Si : à mon avis il manque la conscience d’être plus nombreux qu’on ne l’imagine à se sentir paumé fasse au discours stériles des politiciens. C’est peu et beaucoup à la fois.

      @SansComm : beaucoup sont abstentionnistes parce que le vote blanc n’est pas pris en compte. Donc l’amalgame ne me semble pas absurde ici. Ensuite je suis bien d’accord que le meilleur mode de représentativité serait le tirage au sort. Mais on en est loin aujourd’hui. Si aujourd’hui on avait au moins le vote blanc, la démocratie s’en porterait mieux.

      C’est tout. N’y voyez pas une apologie à quoi que ce soit d’autre que de celle d’inviter les gens à poser les bonnes questions avant de balayer du revers de la main les alternatives proposées.

      • @Sanscomm attendez je relis votre commentaire et un truc m’échappe :

        Et merci d’arrêter d’appeler à l’obligation de voter. Que faîtes-vous de la liberté ?

        Je n’appelle personne à voter (plutôt le contraire). Mais je n’oblige personne à faire comme moi. Avez vous lu l’article ?

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  • Merci de ne pas faire l’amalgame vote blanc-abstentionniste… Et merci d’arrêter d’appeler à l’obligation de voter. Que faîtes-vous de la liberté ?

    Ensuite, non le vote blanc n’est qu’un pis-aller, ce qui ne va pas c’est l’élection, le système électif. Comment peut-on appeler cela une démocratie alors que c’en est l’anti-thèse, c’est à dire une aristocratie. Je vous invite à relire la définition des termes.

    Un peuple aussi politisé que les français, continue de remettre la totalité de son pouvoir politique à un cercle d’individus qui n’ont de comptes à rendre à personne, qui ont les mains libres pour faire le contraire de ce qu’ils ont pu promettre, j’en passe.

    Ce n’est pas en continuant de valider un système, voire en y ajoutant une rustine, qu’il changera.

  • Tassin

    @ Stan « Si : à mon avis il manque la conscience d’être plus nombreux qu’on ne l’imagine à se sentir paumé fasse au discours stériles des politiciens. C’est peu et beaucoup à la fois. »

    Honnêtement je n’ai pas cette lecture là du tout.
    Les gens sont conscients qu’il y a beaucoup d’abstention et de vote blanc.
    Seulement monter un parti politique c’est du boulot, faut réfléchir, faut être convaincu par des idées pour avoir la gniac nécessaire. En plus ça suppose de prendre position sur des questions de société, donc de s’engager après s’être dument informé et ça c’est justement ce qu’évitent les votants blanc.

    • @Tassin : je prends l’exemple d’un parti politique mais il y a bien d’autres formes d’actions possibles.

      Ce que e veux dire au fond c’est qu’un fois qu’on dit : « ok, les 40% d’abstentionnistes ont le droit de bloquer le suffrage » il s’en suit une prise de conscience pour les deux bords d’une certain gravité qui implique chez les uns de s’ouvrir (les partis), et chez les autres (les électeurs blancs) une certaine responsabilité : « ok on bloque, mais pour faire quoi ? »

      De là s’en suit je pense une démarche de monter des initiatives pour faire porter les convictions qui nous poussent à voter blanc : monter un parti mais aussi faire une assos, lancer une pétition, etc etc.

  • En fait il s’agit des propos de la sociologue Monique Pinçon-Charlot, à la première lecture j’avais le sentiment que vous en étiez solidaire, mais non en fait 🙂

  • Tassin, c’est bien le problème dans nos aristocraties, pour pouvoir s’exprimer il faut adhérer à un parti, or celui-ci est nécessairement une combinaison de propositions, de pensées, qui ne peuvent plaire toutes qu’à un nombre restreint de personnes. Les autres sont obligées de choisir ce qui représente pour eux la moins pire des combinaisons.

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  • Tassin

    Bof. Pas convaincu du tout. Déjà y’aura jamais 40% de vote blanc, beaucoup de gens se reconnaissent dans un parti voir plusieurs. Et même si c’était le cas, je vois pas trop l’impulsion que ça pourrait avoir sur le milieu association, citoyen ou politique.
    Et je sais pas si tu fréquentes le milieu associatif au sens large (vu ton avis j’en doute), mais en général c’est là qu’on trouve les gens les plus politisés.

    • @tassin : et bien puisqu’il n’y aura jamais 40% de votes blancs et que ça n’aurait aucun effet, raison de plus pour reconnaitre le vote blanc !!

      CQFD

  • Tassin

    Ah oui oui mais ça je suis bien d’accord! Y’a aucune raison de ne pas le reconnaitre.
    Ce que je trouve idiot, c’est de croire que ça va changer quoi que ce soit!
    T’auras toujours la même trouve de gugusses qui t’appellent à voter utile en fonction des sondages plutôt que pour ce qui apporterait du changement.

    • @ Tassin : ok 🙂

      Je ne crois pas que tout le monde le fera : tu en es la preuve vivante 😉 mais ceux qui le veulent le pourront plus facilement. Et ça serait déjà pas mal 🙂

  • Tassin

    @ Sanscomm :

    Se reconnaitre dans les idées d’un parti ce n’est pas dire amen à tout. Il subsiste toujours un dissensus au sein des partis et tant mieux sinon cela deviendrait des sectes figées. S’engager en politique (en dehors ou dans un parti) c’est prendre des risques et accepter des compromis. A moins de faire comme les Trotskystes et de former un nouveau groupuscule ou sous-parti à chaque désaccord sur la typographie d’une affiche.
    Le principe même de la politique c’est de rassembler, pas de se diviser.

    Avant d’être sources de propositions de moyens à mettre en oeuvre, les organisations politiques sont d’abord la traduction d’idées et d’un point de vue sur le monde tel qu’il devrait être. Qui eux-mêmes découlent des valeurs humaines de chacun.
    Rien n’empêche de faire évoluer les structures de l’intérieur en y apportant sa touche de dissensus. Pour illustrer ces mutations on peut retenir les 3 dernières années de mutation du PCF, historiquement pro-nucléaire et productiviste, s’ouvrir de plus en plus à la remise en cause du nucléaire et du modèle de production sous l’influence de son allié le Parti de Gauche.
    Ou plus loin en arrière la mutation libérale du PS en 1983 sous l’influence de Mitterand, Delors, Mauroy Fabius et cie.

  • Le principe même de la politique c’est de rassembler, pas de se diviser.

    Justement, les partis sont clivants. En témoigne la prégnante vision droite/gauche. Ce sont les partis qu dressent les hommes les uns contre les autres, en masquant par les « compromis » les divergences internes qui les rapprochent en fait.
    Les partis sont des camps, et il faudrait donc choisir son camp pour pouvoir se faire entendre… Non merci.

    À titre personnel, je peux lire des choses qui me plaisent autant dans un programme du FDG que du Modem ou de l’UMP. Pourquoi dès lors devrai-je choisir entre les 3 ? Faites donc le test complet sur http://www.quivoter.fr, vous verrez ce que je veux dire.

    Il me semble que le XXIe siècle a commencé avec la fin des idéologies qui ont ruiné le XXe siècle. Au nom de ces idéologies nous nous sommes retrouvés avec guerres mondiales, dictatures et autres génocides. Il y en a encore quelques restes, les soubresauts du vieux monde. Mais la génération Y, why?, qui arrive à l’age des responsabilités, a été éduquée avec les constats de cette faillite du prêt à penser.

    À l’heure où le monde est connecté de diverses manières, où l’Histoire est accessible à tous, les Hommes se rendent compte qu’ils partagent des valeurs, des idées, des désaccords aussi, mais ils sont plus raisonnés, ils savent qu’il ne s’agit plus de positions de principe, de grégarisme, de panurgisme.

    Pour en revenir directement au sujet, voter pour un parti c’est dès le départ renoncer à des valeurs, des idées. On pourrait imaginer que si chacun pouvait voter pour des idées, nous aurions des sociétés beaucoup plus harmonieuses, où des actuels frontistes se positionneraient sur des sujets comme des centristes, et sur d’autres sujets comme des gauchistes, etc. Nous serions tous liés par des valeurs à la plupart des autres, pas toutes nos valeurs, mais une partie.

  • Et être candidat ?
    N’est ce pas l’acte citoyen le plus utile.

    J’hésite à me présenter pour les législative, pour CAP21.

    Je crois que le Parti Pirate appelle a comptabiliser le vote Blanc.
    Donc pas la peine de fonder un autre parti, il existe déjà.

  • Et être candidat ?
    N’est ce pas l’acte citoyen le plus utile.

    J’hésite à me présenter pour les législative, pour CAP21.

    Je crois que le Parti Pirate appelle a comptabiliser le vote Blanc.
    Donc pas la peine de fonder un autre parti, il existe déjà.

    Parfaite illustration de mes propos précédents. Vous voulez le vote blanc, votez pour le PP, même si vous voterez pour le reste de leurs propositions…

    Si vous vous présentez, c’est pour quelle raison ? Vous faire entendre, vous. Et les autres ? Qui représenterez-vous ? Vous-même essentiellement, à moins que vous ne vous effaciez complètement au profit de CAP21, ce qui ne fait que déplacer le problème.

  • Marcus

    La reconnaissance du vote blanc n’est-elle pas une forme d’introduction de la proportionnelle ? Pourquoi ne pas introduire directement un scrutin plus proportionnel en France et supprimer l’élection présidentiel au suffrage universel ?

  • Tassin

    @Sanscomm :

    Pourquoi devrais-tu choisir?
    Mais parce que tu dois bien sentir au fond de toi de quel bord tu es.
    La gauche et la droite ne sont que des traductions de valeurs humaines.

    Les partis ne sont pas clivants par nature, ce sont les Hommes qui le sont en étant plus moins ouverts.

  • Tassin

    @ Sanscomm :

    « Pour en revenir directement au sujet, voter pour un parti c’est dès le départ renoncer à des valeurs, des idées. On pourrait imaginer que si chacun pouvait voter pour des idées,  »

    C’est déjà complètement le cas pour ma part.

    Sur le passage sur « la mort des idéologies » et comme quoi la génération why va s’unir dans l’harmonie grâce à internet et aux smartphones je trouve ça très naïf, pour ne pas dire autre chose.

  • Tassin

    Oups petite erreur dans les dernier ocmmentaire.
    Je voulais dire que non, voter pour un parti ce n’est certainement pas renoncer à des idées. C’est au contraire les affirmer!

  • Merci pour la naïveté, j’aime beaucoup… on va dire que je le prends pour un compliment. D’autant que je ne limite pas cela à internet, j’ai dit connecté ça inclut aussi la connexion physique, grâce à la libre circulation et les moyens accessibles de la réaliser.

    Sur la mort des idéologies, pensez aux religions (et à leur pratique) déclinantes, pensez à l’absence de différences dans les faits quelques soient les partis au pouvoir (hormis des détails).

    Sinon, tant mieux pour vous dirai-je, si un parti représente exactement toutes vos valeurs, sans écart ni compromission. Bien sûr que cela peut se produire, mais reconnaissez que la plupart des gens n’est pas dans ce cas. Pour faire dans l’extrême il y a presque autant de partis imaginables que de personnes. Dés lors, si l’on n’a que 10 partis, on est loin du compte.
    Vous retombez ensuite encore dans le travers du « choisissez votre camp » :

    Mais parce que tu dois bien sentir au fond de toi de quel bord tu es.
    La gauche et la droite ne sont que des traductions de valeurs humaines.

    À moins que vous parliez de quelle est votre main dominante, je ne vois pas en quoi gauche ou droite sont des valeurs. Ce sont des paquets de valeurs, d’ailleurs jamais très clairs puisque par exemple ils se réclament tous de la République, du CNR, de la Liberté etc.

    Je refuse de choisir un camp, je me place parmi les citoyens et j’appartiens à la Nation (et encore…). Je n’aime peut-être pas les idées de certains, mais j’ai le courage de les interroger et de constater qu’ils peuvent partager d’autres valeurs avec moi.

    Anecdote : j’ai fait le test quivoter.fr, et je tombe sur ce résultat : Joly, 14 ; Bayrou, 13 ; Hollande, 12 ; Arthaud, 11 ; Cheminade, 10 ; Mélenchon, 5 ; Poutou, 5 ; Le Pen, 3 ; Dupont-Aignan, 2 ; Sarkozy, -1. Explication du score : Indice d’affinité sur la base de vos intentions notées de -2 à + 2 (-2 vraiment contre, -1 plutôt contre, 0 blanc, + 1 plutôt pour, + 2 vraiment pour), évalué sur 90 propositions si je compte bien.
    Vous me diriez, vous êtes de gauche, votez pour Joly. Je vous dirai que je ne suis pas d’accord avec toutes ses propositions (le score en témoigne), et que je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer aux propositions qui me plaisent venant d’autres candidats. Autrement dit, renoncer à d’autres de mes valeurs et en soutenir que je ne partage pas.

  • Tassin

    @ Sanscomm :

    Ben tu vois bien que t’es de gauche 🙂

  • @Stan >

    Très bon billet, bravo. Comme souvent, je partage tes analyses. En revanche, je ne crois pas que le vote blanc permette de se compter entre personnes susceptibles de constituer un parti. Quel que soit leur nombre, les électeurs blancs sont forcément disparates. Qu’ils ne trouvent pas chaussure à leur pied dans ce qu’on leur propose ne signifie évidemment ps qu’ils ont les même motifs de non-adhésion.

    En revanche, cela permettrait de concrétiser qu’en effet nombreux sont ceux qui n’arrivent pas (et c’est tant mieux) à adhérer à l’ensemble des propositions d’un candidat. D’une certaine manière, l’abstention ne déroge pas à cette position, en y ajoutant sans doute l’illégitimité du système électif représentatif.

    @Tassin >

    Tu as en effet beaucoup de chance si tu te retrouves intégralement dans un parti. Ou alors tu composes (consciemment ou pas) parce que ce qui t’intéresse c’est la ligne dominante du programme, et que tu composes avec les propositions mineures.

    Si, un parti est par nature sectaire, clivant. Là où tu as raison, c’est qu’il y a en interne d’éventuelles variations sur tel ou tel point, et que dans le temps les lignes peuvent évoluer. Mais ça met du temps, et c’est souvent à travers des jeux de prises de position (de pouvoir). Pour autant, toute personne qui ose braver la ligne du parti est mise à l’index, sommée de rentrer dans le rang, parfois exclue.

    C’est sidérant quand on y pense, d’être désigné coupable pour oser ne pas être d’accord. Si on est pas dans le sectarisme et l’intolérance, qu’est-ce ? Et les militants sont souvent le bras armé des partis, prompts à fustiger tout individu, en interne comme en externe, qui oserait émettre le soupçon de l’ombre d’un doute sur une mesure proposer par le parti.

    Quant à résumer la génération Y à internet et aux smartphones… ça me laisse pantois. Le numérique n’est qu’une partie visible de cette génération. Je t’invite à enlever tes œillères et sortir de ce cliché. Je crois que la société, et particulièrement les partis politiques, n’ont pas idée de ce que la génération Y va bouleverser dans le mode de fonctionnement de nos sociétés. Mais c’est un autre sujet… En attendant, je te propose ça

    @SansComm >

    Je partage complètement ton avis sur le système électif représentatif et les partis. Et en effet, proposer un programme dans son entièreté porté par un(e) candidat(e) est le meilleur des moyens de ne pas permettre d’adhérer à ceux qui refusent le « prêt-à-penser » (j’utilise cette même expression).

    On pourrait au minimum soumettre au vote des citoyens des propositions, et non un paquet global et/ou une personne. Sortir du « tout ou rien » et de la personnification. On se prononcerait alors dans l’isoloir sur chacune des mesures des différents partis.

    Si les partis fonctionnaient ainsi, s’ils étaient laboratoires d’idées et forces de propositions, sans doute se réconcilieraient-on un tant soit peu avec un système représentatif. Ce serait prendre en compte que jamais les citoyens n’ont atteint un tel niveau de maturité politique concrétisé par une réelle envie de participer (et non plus seulement de voter).

    @Marcus >

    Oui, d’une certaine manière, la proportionnelle permettrait une diversification saine des propositions. D’un autre côté, on serait dans un jeu de tractations permanents, plus utile à la distribution des places qu’à la vis de la cité.

    Que penses-tu de l’idée du vote sur des propositions plutôt que sur un programme et/ou un(e) candidat(e) ?

    • @Jeff :

      Encore une fois, octroyer un droit de blocage, ça responsabilise. Les gens qui votent blanc se sentiraient cons de bloquer le processus s’ils ne disent pas ouvertement ce qu’ils veulent. Je pense même qu’ils se feraient très mal voir par les autres, ceux qui votent « bien ».

      Créer un parti n’est qu’un exemple de ce qui l’est possible de faire pour aller dans ce sens.

  • @Stan > J’oubliais : superbe l’image d’illustration de ton billet ! #clapClap

  • Ma curiosité n’a pas résisté à jouer sur quivoter.fr 🙂

    Résultats -> Joly : 14 ; Poutou : 12 ; Mélenchon : 11 ; Bayrou : 10 ; Hollande : 9 ; Arthaud : 4 ; Cheminade : 3 ; Dupont-Aignan : 1 ; Le Pen : -1 ; Sarkozy : -3

    Enseignement -> on découvre que dans la formulation des propositions (reprises des programme des candidats) se cachent souvent des propositions induites (implicites ou explicites) qui rendent la proposition très ambigüe. En outre, certaines n’en sont pas. Par exemple, une proposition était (approximativement) : « faire de l’école française la première du monde en moins de 10 ans ». C’est une intention, et je vois mal qui pourrait ne pas être d’accord. En revanche, ça renforce l’idée qu’on devrait plutôt voter pour des propositions (non ambigüe, bien formulée) que pour un programme en son intégralité.

    Intéressant donc 🙂

  • @Stan > Je pense qu’en cas de reconnaissance du vote blanc, ce serait davantage aux politiques de se sentir responsable du blocage qu’aux électeurs… même si les premiers ont un talent non dissimulé pour culpabiliser les seconds 🙁

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  • Je pense même qu’ils se feraient très mal voir par les autres, ceux qui votent « bien ».

    Vous oubliez que le vote est secret, par conséquent il déresponsabilise. Vous ne pouvez pas prouver que vous avez voté blanc, je pourrai prouver que je n’ai pas voté en montrant ma carte d’électeur. C’est pourquoi je partage ce raisonnement qui dit que dès lors que l’on vote, on est responsable du résultat et on doit en assumer les conséquences. En ne votant pas, on n’est pas responsables du fait qu’un « mauvais » candidat est élu.

    Illustration : http://www.youtube.com/watch?v=knQBH287aW0

    Quant à créer un parti… euh si ils votent blanc ce n’est pas pour rejoindre un parti, non ?

    • @SansComm : excellente vidéo 🙂

      Encore une fois, je ne dis pas que la solution c’est forcément de créer un parti hein…

      Et le vote n’est pas totalement secret : entre amis, en famille, on discute en général assez aisément de comment on vote non ? Personnellement je me fais souvent sévèrement critiquer quand je dis que je ne vais pas voter, et je suppose que je ne suis pas le seul. Ne pas voter me rend donc responsable de pouvoir expliquer sereinement pourquoi. Et me force donc à entrer dans le détail des propositions que je fais..

      Ceux à quoi mes amis me répondent souvent : « ce sont de belles idées, pourquoi tu ne fais pas de la politique ? »

      D’où mon raisonnement dans ce post. Notre responsabilité en tant qu’abstentionnistes (au sens large), c’est de faire valoir nos arguments. Sinon ça sert presque autant à rien que de voter… 😉

  • @ Sanscomm :

    Ben tu vois bien que t’es de gauche 🙂

    Humour ?
    Non je ne me sens pas plus de gauche que de droite, pas plus que du centre. Vous appliquez une grille de lecture qui me semble dépassée, de même que sur la génération Y et le reste 😉

  • Je ne peux qu’être d’accord avec vous, Stan, s’abstenir sans s’expliquer, c’est bête. Pour autant, je précise ma pensée : je ne jette pas à la pierre à ceux qui s’abstiennent pour aller pêcher, car si ils en arrivent là c’est bien qu’il y a un problème de motivation, que les politiques et/ou le système politique ne les intéressent pas.

  • Chabian

    L’élection d’un décideur ou d’un représentant est le seul but de l’élection. Cette frustration (pouvoir limité d’action sur le politique) est accrue dans notre système en crise.
    Le vote blanc est un « vote sanction » contre le système électoral tel que vécu. Mais ce ‘carton rouge’ n’est pourvu d’aucun contenu. Il ne débouche sur aucun choix, aucun parti.
    Penser à des ‘représentants qui consultent chaque fois’, c’est autre chose, c’est introduire de la démocratie directe dans le système… qui ne la prévoit pas : les représentants ne pourraient obtenir des reports d’adoption des lois ; et si on vote blanc contre leurs consultations…
    Je pense à autre chose. Notre système est élitiste, aristocratique (le choix du meilleur). On pourrait y introduire une dose de tirage au sort, pour lequel des listes de « volontaires pour être tirés au sort » seraient constituées, avec conditions etc. Plus il y aurait de votes blancs (sinon même d’abstentions, éventuellement avec pondération moindre), plus des représentants seraient tirés au sort dans cette liste. C’est donner un sens au « vote sanction ». Chaque citoyen serait responsable de sa démocratie : par élection des meilleurs candidats ou par tirage au sort de citoyens ‘échantillons représentatifs’.
    Mais il semble que la constitution de « partis » soit un mal nécessaire, un bien structurel de notre système de choix des décideurs. Pour éviter l’atomisation. Question à débattre…

  • toto

    moi j’dis juste un truc en passant : « Le risque de blocage est une fausse excuse” », ben en fait peut-etre pas tant que ca, peut-etre qu’il nous faudrait, au contraire, un bloquage, pour qu’enfin on réalise qu’on n’est plus gouvernés que par des pitres. (je sais, c’est assez ce que tu dis deja Stan, je rajoute juste une couche (j’avais envie de traiter les politiques de pitres 😉 ))

    Les belges s’en portaient pas plus mal de ne pas avoir de gouvernement pendant des mois, non?
    (je dis ca, je dis rien)

    (de toutes facons, « rien » ou ceux qu’ils vont élire, moi a choisir, je prend rien. (ok, je sors, lol, pas d’anti-cretinisme-electiorialisme-primaire-c’est-pas-bien-m’enfin-ca-va-etre-encore-une-mascarade-ces-elections-on-le-sait )

    🙂

  • Marcus

    Que penses-tu de l’idée du vote sur des propositions plutôt que sur un programme et/ou un(e) candidat(e) ?

    L’idée me parait intuitivement bonne parce qu’elle supprime toute personnalisation à outrance d’une élection. Par contre, je ne vois pas bien en quoi ce mode de scrutin se différencie d’un référendum ? De plus, je ne vois non plus qui soumettrait les propositions et qui les appliquerait, avec quelle légitimité, et selon quelle procédure.

    Pour ce qui est des tractations « permanentes » dans un système proportionnelle, en terme de légitimité démocratique, il vaut sans doute mieux un système légèrement « bloqué » mais qui laisse une plus grande place à la diversité d’opinions du corps social.

  • Tassin

    @ JeffRenault :

    Je viens de lire l’article sur la génération Y. Je fais d’ailleurs partie de cette génération. Et je ne perçois pas le changement positif qu’induit le fait d’avoir grandi avec ces technologies. Peut-être la rapidité d’accès à l’information qui permettent de réagir plus vite à l’actualité mais ce n’est en aucun cas un avantage stratégique puisque les parties opposées ont accès aussi mêmes outils. C’est le même principe que la bombe atomique : c’est un avantage quand on est le seul à la posséder. Quand tout le monde en dispose c’est comme si personne ne l’avait.

    Les « nouvelles technologies » font régner le culte de la superficialité et du « tout tout de suite ou je veux quand je veux » (cf Thierry Crouzet). Soit le prototype même de l’individu engendré par l’éducation libérale-libertaire refusant toute autorité et compromis et donc incapable d’une entente ou action prolongée dans le temps. Les gens qui ont ce comportement ne peuvent s’engager plus de quelques jours derrière un clavier ou de se fédérer en organisation politique ou d’avancer des idées de fond.

  • Tassin

    @ JeffRenault :

    « Que penses-tu de l’idée du vote sur des propositions plutôt que sur un programme et/ou un(e) candidat(e) ? »

    Le problème c’est qu’un programme ce n’est pas une suite de propositions, c’est un ensemble de mesures cohérentes entre-elles qui propose une vision globale de la société.
    Mettre des propositions bout à bout sans vision générale donnera au mieux un résultat contre-productif (interférences entre les propositions), au pire une perte de sens totale.

  • @Marcus >

    Sur la proportionnelle, tu as raison, ce serait toujours mieux qu’aujourd’hui.

    Oui, c’est proche du référendum, si ce n’est qu’en France on n’a pas pris l’habitude de s’en servir. Du coup, trop peu utilisé, il prend la forme d’un vote couperet. Il s’agirait donc de soumettre toute proposition au Peuple, et la discussion porterait sur le fond (non la bonhommie de celui qui le porte).

    Quant à la mise en œuvre, le nom de pouvoir « exécutif » prendrait tout son sens 🙂

    @Tassin >

    Encore une fois, le numérique n’est qu’une partie émergée de l’iceberg. La génération Y ne conçoit plus le monde de la même manière. On passe d’un logique pyramidale, hiérarchique, à une logique en réseau, coopérative. On passe d’une logique de propriété à une logique d’accès.

    Un seul exemple : là où on considérait important de posséder une œuvre artistique (film ou album) sous une forme matérielle (vinyle, CD, DVD…), pour la génération Y, il suffit de pouvoir y accéder au moment où on en a besoin et le temps qu’on en a besoin. Tu peux prendre d’autres exemples moins dématérialisés (voiture, outils…)

    Bon, ce n’est pas le sujet, mais pour y revenir, sur l’offre politique, cela ne sera pas sans influence.

  • @Tassin >

    Mettre des propositions bout à bout sans vision générale

    Ton argument sur la cohérence des propositions marque un point. À l’inverse, il te faut admettre qu’il est difficile d’imaginer que choisir un programme donne quitus sur la globalité du programme. Même ceux dont je me sens le plus proche ne me satisfont pas à 100%. Je ne peux me résoudre à choisir un programme alors qu’il y a une partie qui ne me va pas. Tu arrives à trouver chaussure à ton pied, ou à accepter une proportion suffisante pour adhérer (combien : 80% ? 60% ?…)

    Alors comment sortir de cette apparente contradiction ? On peut craindre que si on soumet des propositions les unes après les autres on risque l’incohérence que tu évoques. On peut peut-être imaginer que des partis soumettent un programme avec ses propositions, et que les électeurs font leurs choix dans plusieurs de ces programmes, en cochant les propositions qui leur vont dans le différents programmes. Qui te dit dans ce cas que les citoyens ne pourrait pas d’eux même produire quelque chose de cohérent ?

    Le débat reste ouvert. Il faudra innover. L’essentiel est de sortir du modèle dans lequel nous sommes qui est tout sauf démocratique, notamment tant que les partis auront pour seul objectif d’accéder au pouvoir (par tous les moyens). Il faudrait que les partis deviennent un laboratoire d’idées, qu’ils fabriquent des propositions.

  • Tassin

    @ JeffRenault :

    « Même ceux dont je me sens le plus proche ne me satisfont pas à 100%. Je ne peux me résoudre à choisir un programme alors qu’il y a une partie qui ne me va pas. Tu arrives à trouver chaussure à ton pied, ou à accepter une proportion suffisante pour adhérer (combien : 80% ? 60% ?…) »

    Je ne suis pas encarté dans un parti en revanche je vote!
    Effectivement je dirais que je me reconnais dans le discours de Mélenchon (Humanisme, décroissance, crise économique, partage des richesses, hausse des bas salaires…) et les propositions du Front de Gauche à environ 70-80%. Il faut évidemment composer avec le reste mais de toutes façons, la présidentielle n’est là que pour donner une direction à la société. Ce n’est pas juste une série de propositions à valider bêtement.
    Mettre à la tête de l’état quelqu’un avec qui on partage une vision globale de la société sans être d’accord avec tout me parait pertinent. Mais cela nécessaire mais pas suffisant.
    Pour le reste les législatives sont au moins aussi importantes que la présidentielle.

    Et sinon pour ceux qui ne se reconnaissent dans aucun discours, il convient quand même de voter pour le bord qui représente ses intérêts de classe. En l’occurrence l’opposition historique des intérêts entre capital et travail permet de se rappeler à toujours voter à gauche si on vit de son travail, et à droite si on dispose de revenus du capital.

  • Et sinon pour ceux qui ne se reconnaissent dans aucun discours, il convient quand même de voter pour le bord qui représente ses intérêts de classe. En l’occurrence l’opposition historique des intérêts entre capital et travail permet de se rappeler à toujours voter à gauche si on vit de son travail, et à droite si on dispose de revenus du capital.

    Euh là on tombe dans le pathétique… Oui, contribuons à cette lutte des classes, continuons d’opposer le capital et le travail dans une dichotomie manichéenne. Continuons de nous diviser…

    À gerber.

    Désolé, ce n’est pas mon habitude de dénigrer, mais là c’est trop.

  • Tassin

    @ Sanscomm :

    En l’occurrence cette lecture classique non seulement est toujours d’actualité, mais en plus en une lecture de rassemblement.
    La quasi-totalité des Français vivent de leur travail.

  • @Tassin >

    Désolé, mais je ne me retrouve absolument pas dans ta vision manichéenne de la société, qui à mon avis nous empêche justement d’avancer, et nous emprisonne dans une logique du passé.

    Il y a trop de sujets qui souffrent de cette division droite/gauche. Elle empêche de les traiter, parce qu’on s’inscrit avant tout en désaccord contre l’autre camp, et qu’on refuse de s’accorder sur les points essentiels.

    Il en va ainsi de la crise majeure écologique qui devrait mobiliser tout le monde sans qu’on se soucie de son éventuelle appartenance à un camp.

    Maintenant, je comprends ta logique. J’ai longtemps cru que les élections étaient essentielles (et principalement les législatives, je te rejoins sur ce point, et je pense même que la présidentielle est nuisible). Je me trompais.

  • @Tassin >

    La quasi-totalité des Français vivent de leur travail.

    Euh… c’est une blague ? Il y a moins de 4 français sur 10 qui travaillent ! Et ça ne va pas aller en s’améliorant, le plein-emploi étant fini…

  • Tassin

    @ Jeff & Sanscomm :

    Je ne comprends pas tellement pourquoi vous tenez à qualifier « du passé » ce qui se passe actuellement sous nos yeux. Lutte des classes ce n’est pas un « méchant gros mot qui divise alors c’est mal », c’est juste un fait depuis l’invention du capitalisme. Avec la crise c’est un phénomène qui est redevenu très visible.
    L’opposition d’intérêts entre détenteur de capital et travail est quand même assez évidente et permet une bonne lecture des événements en Grèce ou ailleurs :

    Celui qui détient le capital a intérêt à faire travailler les gens le plus possible pour le moins cher possible
    Celui qui travaille a intérêt à travailler le moins possible pour le plus cher possible.

    Je suis assez étonné de vos réactions par rapport à ce constat.
    En toute honnêteté vous ça ne vous semble pas évident?
    Si non, il serait peut-être temps de relire Bourdieu! Et Naomi Klein.

    J’ai bien dit que cette simplification des rapports de force dans le domaine économique était dans le cas ou on se sentait perdu politiquement. Le monde n’est pas si simple quand même. Et les valeurs humaines priment encore parfois sur l’économie.

  • @Tassin >

    Tu qualifies toi-même ta description de « simplification » et c’est ce qui sans doute nous a fait te répondre tel que nous l’avons fait. Je ne vais pas parler pour SansComm, mais en ce qui me concerne, je refuse de me laisser enfermer dans des logiques partisanes simplificatrices qui ne répondent que partiellement (voire pas du tout) au monde d’aujourd’hui.

    Ta logique est toute centrée sur une vision productiviste (travailliste) de la société. Tu divises le monde entre ceux qui détiennent le capital et ceux qui ont du travail, selon une vision capitaliste (on pourrait dire marxiste) de la société. Mais beaucoup de gens ne sont ni détenteur du capital, et beaucoup également n’ont pas de travail.

    Là où tu as raison, c’est que les programmes politiques ciblent ces deux populations selon un découpage classique (à mon avis archaïque, d’où la référence au passé), mais ne répondent pas aux vrais problèmes qui se posent.

    Qui parle du dérèglement climatique ? Pourtant, tout nous paraîtra bien dérisoire quand nous serons confrontés à ses effets et qu’il sera trop tard pour éviter la catastrophe. Qui parle du pic pétrolier ? On prétend qu’on va réguler le prix du carburant alors qu’on sait pertinemment qu’il ne va cesser de monter. Qui parle de la raréfaction des terres arables ? On prétend nourrir l’humanité entière grâce à l’agriculture intensive alors que nous tuons les sols, polluons les cours d’eau et empoisonnons les agriculteurs…

    Pendant que les enjeux essentiels (mais à long terme) sont ignorés, on s’occupe de savoir comment on va relancer la croissance et retrouver le plein-emploi, alors que la première est le problème (et non la solution) et le second une chimère (mécanisation, gain de productivité). C’est une farce qu’on nous joue. Et aucun des partis représentés à l’élection présidentielle n’y échappe.

    On joue le court-terme. Et peu importe le long-terme… C’est pourquoi le vote blanc ou l’abstention (revenons au billet de Stan), que je ne confonds pas, sont l’expression d’une alarme que peu de gens veulent entendre. Et que nous sommes quelques-uns à trouver passéistes les programmes et la vision (fut-elle globale) qu’on nous propose.

  • Tassin

    Sur la vision travailliste et Marxiste un point pour toi.

    Sur le côté pic pétrolier et écologie en général : Ben, c’est pas que je porte spécialement le Front de Gauche dans mon cœur, mais quand je vois le boulot fait sur le terrain par les militants PG, Mélenchon qui fait des conférences avec Paul Ariès, les élus PG qui municipalisent l’eau, instaurent la gratuité et la tarification progressive, le combat contre l’aéroport de ND des Landes, les réponses aux lobbys automobilistes et publicitaires et ben je ne peux que me dire qu’ils ont clairement une vision pertinente et de long terme sur la société.

    Sois franc, lis ceci : http://www.reporterre.net/spip.php?article2779

    Et dis moi ce que tu en penses 😉

    Au passage, la réponse du FdG au lobby des sports mécaniques : http://carfree.free.fr/index.php/2012/04/09/le-lobby-des-sports-mecanique-interroge-les-candidats-une-reponse-vaut-le-detour/

    Ca tranche un peu des vieux discours croissancistes et de court terme non?

  • Je n’aurais pas mieux dit que Jeff… 🙂

    @Tassin :
    Mélenchon, aurait pu être celui à qui j’aurais donné mon vote, et pourtant… (voyez mon quivoter.fr plus haut). Mais voilà, il est malgré tout l’incarnation révoltée de l’ancien système. Il est séduisant, il incarne l’humain face au gestionnisme, à l’aliénation, et il propose une VIème république, hourra ! mais non, parce que ce qu’il propose c’est de faire du neuf avec du vieux. Or, je ne veux pas que l’on se contente de ça, parce que je sais que c’est un bon moyen d’endormir les masses. Après, on reprochera aux mécontents de ne jamais être contents, de ne pas savoir se contenter de ce qu’ils ont (euh, de ce qu’on leur donne hein 😉 ) et on leur dira de la fermer. Comme ceux qui vous jettent la pierre parce que le droit de vote, « y en a qui sont morts pour ça, et puis tous ces pays qui nous envient » et blabla.

  • @Tassin >

    Oui, j’ai déjà lu cette (en effet) excellente interview de JLM. Le problème, c’est le double discours du Front de Gauche, conséquence logique d’une alliance entre deux partis. Du coup, ça ratisse large, et on peut toujours trouver de quoi satisfaire son interlocuteur. Mais concrètement, ça donnera quoi demain ? JLM a eu la candidature en échange d’un gros paquet de circonscriptions au PC pour les législatives… Or, on l’a dit, les législatives comptent sans doute plus que la présidentielle. Il sert de locomotive au PC, et une fois les législatives passées, le PG aura-t-il toujours l’influence qu’on lui prête sur le PC ?

    Mais, de nouveau, ce n’est pas le sujet du billet de Stan… 🙂

  • Marcus

    Je suis plutôt d’accord avec Tassin. La lecture marxiste est toujours aussi pertinente aujourd’hui. C’est une grille de lecture de la réalité capitaliste, on est pas obligé de lui donner un implication normative.

    Un des gros problèmes des démocraties est que cette lecture en terme d’opposition de classes a totalement été disqualifiée dans le discours politique au profit, entre autres, d’une lecture en terme d’opposition de nationalité/groupes ethniques/culturelles ou encore des honnêtes travailleurs contre les profiteurs/assistés/fraudeurs.

  • jelise

    Sur l’abstention, lire cet article :
    Qu’est-ce que l’abstentionnisme politique ?

  • Tassin

    @ Marcus :

    Tout à fait, le libéralisme distillé en continu dans les têtes depuis 40 ans a peu à peu détruit le sentiment d’appartenance à un corps social (=atomisation de la société) ce qui a conduit à la création de sentiments d’appartenance à une communauté (=communautarisme).
    Le tout a été bien instrumentalisé le pouvoir bien entendu.

    C’est implacable et très logique, quand on élève quelqu’un dans une doctrine faisant primer l’individu sur le collectif, les choses ne peuvent qu’évoluer que dans cette direction.

  • Anonyme

    Le Peuple ignore sa vraie* , Force . Honteux .