L’anarchie n’a jamais été moins utopique

Thierry Crouzet revient à nouveau sur l’Anarchie en montrant que le « bug historique » de l’anarchie pourrait aujourd’hui être surpassé. De mon coté, libéral que je suis, je suis également persuadé que l’arrivée d’internet et le bouleversement des paradigmes du capitalisme et de la société de masse donnent de nouvelles chances à l’anarchie de triompher. Je vais tenter d’expliquer pourquoi.

Quelques précisions s’imposent…

L’anarchie est malheureusement dénigrée par l’utilisation à tort et à travers du terme qui lui donne une connotation péjorative et favorise les jugements hâtifs.

  • L’anarchie n’est pas l’absence de règles : c’est l’absence de règles dictées par un un pouvoir suprème
  • L’anarchie n’est pas selon moi l’absence de pouvoir : c’est l’absence d’autorité unique ou réduite tirant les ficelles du pouvoir.

De ce fait, on est loin de l’anarchie populairement perçue comme une situation de désordre social. L’anarchie ressemble davantage à une autre forme d’ordre de société dans laquelle le pouvoir n’est pas centralisé dans les mains d’une minorité. Il est distribué entre tous les citoyens, ce qui crée un équilibre qui tend à en neutraliser les excès. C’est donc un système profondément anti-hiérarchique.

Voyons à présent en quoi internet pourrait favoriser les théories anarchiques.

La fin des médias de masse

Tout d’abord, internet remet en cause le modèle de société de masse, et en premier chef les médias de masse. Outre la mort économique de ce modèle, la capacité pour tout un chacun de devenir son propre média concurrence directement les média traditionnels et favorise l’émergence d’un nouvel écosystème de l’information. A la différence des médias de masse qui par nature sont dans une posture de « médias vs. audience » ; ou dit autrement « bottom-up » ; internet favorise l’émergence d’un écosystème médiatique  fondé sur les échanges multidirectionnnels.

De manière très pragmatique, alors que les médias de masse ont naturellement tendance à favoriser les idées mainstream, internet devient un porte-parole médiatique ouvert à toutes les tendances, y compris les plus dérangeantes. Ce qui bien sur va profiter aux anarchistes (d’ailleurs la documentation anarchiste est curieusement abondante sur internet 😉 )..

En outre, la fin des médias de masse est en soi un signe de la fin de l’anti-thèse de l’anarchie. En effet, l’élitisme médiatique est une forme (parmi d’autres) de concentration des pouvoirs que ne saurait admettre l’anarchisme. L’anarchie étant un modèle de société profondément égalitaire, c’est un système qui a donc également besoin d’égalité dans l’accès et la production d’information.

La fin des médias de masse signifie donc la chute d’un des piliers du status quo et favorise l’émergence d’un nouvel écosystème d’information quelque peu … anarchique !

Retour en force de l’individu libre

Puisque l’anarchie ne repose pas sur un pouvoir centralisé, elle a besoin de citoyens épanouis, impliqués dans la vie citoyenne, qui prennent des initiatives etc. Or, cela est impossible si tous les citoyens s’intéressent aux mêmes choses, consomment les mêmes biens, partagent les mêmes gouts (comme ce à quoi nous incitent les médias de masse). En revanche, la spécialisation des individus les rend meilleurs dans leur domaine de prédilection.

Le corollaire de la fin des mass media, c’est justement le retour de l’individu au centre du jeu. On le voit bien : l’expérience de consommation de médias sur internet (je prends cet exemple, mais cela est aussi valable aussi dans d’autres domaines) est radicalement différente sur internet car beaucoup plus centrée sur l’utilisateur qui peut allègrement sélectionner ses sources, et à avoir une démarche proactive de recherche d’information.

En contrôlant davantage son expérience de consommation de média, l’individu est moins esclave de la tyrannie médiatique qui veut le forcer à écouter les messages sélectionnés (et agir en conséquence : consommer, voter etc.). Il retrouve la liberté de choisir ce vers quoi tourner son attention, et peut davantage se consacrer à ce qui l’intéresse vraiment : à commencer par ses besoins informationnels réels, mais ausssi ses passions, etc.

Au final, les citoyens n’en seront que plus éduqués et épanouis (ou « individués » comme dirait Thierry Crouzet).

Par ailleurs, je suis profondément persuadé qu’internet, sur le long terme, favorisera la confiance entre les individus. En multipliant les liens entre eux via les blogs et les réseaux sociaux, les citoyens se mettent dans des positions d’interdépendances dans lesquelles la confiance est le seul moyen de ne pas sombrer dans des combats « perdants-perdants ». Et c’est important, voire crucial : l’auto-régulation ne peut fonctionner que si les individus se font confiance entre eux.

Internet, Egalité, Hiérarchie

Non seulement internet remet l’individu au centre du système, mais internet présuppose que les individus sont égaux : ils ont le droit de se connecter au réseau, de s’y s’exprimer, de partager, de créer etc. C’est d’ailleurs tout le débat autour de la neutralité du net, ou certains voudraient remettre un dose de hiérarchie dans une architecture du réseau qui n’en a pas.

Bien sur, cette égalité n’est pas parfaite, elle n’est que présupposée. En pratique, de nouveaux leaders d’opinions émergent de leurs activités numériques et obtiennent de ce fait un peu plus de pouvoir. Et c’est tant mieux, puisque cela maintient le concept de méritocratie. L’important est que ce pouvoir n’est pas statutaire (contrairement à la « démocratie » française actuelle). En échappant à la formalisation du pouvoir par le statut, le pouvoir acquis de fait peut tout aussi rapidement disparaitre. C’est le principe même de toute démarche de e-reputation sur internet : très longue à construire mais destructible en très peu de temps. C’est cette vulnérabilité dont nous faisons tous l’objet sur internet qui permet de limiter les abus de pouvoirs.

Tout comme l’idéal anarchique, internet repose sur des liens non hiérarchiques mais hétérarchiques, constitué par des centres de pouvoirs décentralisés, ad-hoc et parfois éphémères.

Internet et l’espoir de la Démocratie directe

L’anarchie n’est pas opposée à la Démocratie. Au contraire : elle vise à établir une forme autrement plus exigeante de la démocratie : la démocratie directe. Cette forme de démocratie repose sur un degré d’implication fort de l’ensemble de la société dans l’établissement des lois. Et ce non seulement par le vote (référendums) mais aussi par les initiatives populaires. Mais dans l’idéal, c’est le consensus qui doit primer.

Cette forme de démocratie était bien sûre impossible sans la possibilité pour les individus d’accéder à l’information et d’échanger de manière fluide avec les autres citoyens. Aujourd’hui encore, même avec internet, cela semble très difficilement applicable. Mais il faut néanmoins reconnaitre que l’accès infini à l’information et l’ouverture de l’espace public permet de faire provoquer davantage de débats publics, et parfois même des consensus (lors de la loi hadopi par exemple). N’oublions pas non plus que nous ne voyons aujourd’hui que des prémisses de ce qu’il est possible de faire.

CC Will Lion

Conclusion

Comme le dit Eric Schmidt (CEO Google), internet est la plus grande expérience anarchique de l’Histoire. Et non sans ironie, nous y participons tous les jours sans même nous en rendre compte !

Alors que la démocratie représentative tombe décidément de plus en plus bas, nous aurions probablement tout à gagner à injecter un peu d’anarchie dans le système. Soyons honnête : l’État est incapable de résoudre tous les problèmes ! Pire, son interventionnisme détruit la confiance.

De leur coté, des citoyens impliqués, en phase avec la réalité du terrain, montrent tous les jours qu’ils sont capables de trouver des solutions justes. Créons un système qui valorise ces personnes et redonne confiance aux citoyens! Faisons évoluer le rôle de l’État vers un gouvernement plateforme véritablement au service des citoyens, plutôt que de leur imposer des règles de plus en plus absurdes.

Je ne saurais prédire le triomphe prochain de l’anarchie. Son antithèse, la société de surveillance, et d’oppression reste une hypothèse hélas tout aussi probable. Mais en tout cas, cessons de de nier que le pseudo « chaos » anarchique ne s’est jamais aussi bien porté!

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33 commentaires

  • L’individuation est vitale. Sans elle pas de fin des medias de masse par exemple. Internet peut alors se retourner contre le projet anarchiste. la partie est loin d’être gagnée, ce n’est pas un processus irréversible qui est en cours. Nous devons militer dans le sens qui nous intéresse.

  • @tcrouzet :

    Vous prônez l’individuation avec pas moins de force que les Lumières pronêrent la Raison, et les communistes l’émancipation mentale. Seulement, à l’échelle d’une large population, peut-on aller contre tout ce que l’homme est, a été, et probablement sera (à notre échelle du moins, en tant que sapiens sapiens) ?

    C’est ça, la question fondamentale, or il me semble que la permanence des caractères humains profonds est de plus en plus appuyée par les sciences sociales. Peut-on ou non changer l’Homme ? L’Histoire semble montrer que jamais on n’a vu un Homme Nouveau s’élever des décombres d’un changement de paradigme même massif (la Raison pour les Lumières par ex) .

    @tetedequenelle :

    Vous parlez d’un « gouverneemnt plateforme » . Si on regarde le net, on a 1% de producteurs de contenus. Qu’est ce qui vous fait croire qu’on serait plus d’un % à s’emparer des possibilités d’un gouvernement plateforme ? Et à la seconde où on n’est pas dans une emprise générale et interdépendante sur la chose (l’idée, je suppose, étant un certain équilibre dynamique, possible qu’avec un nombre significatif de participants) , c’est foutu pour l’anarchisme, on se récupère des structures de pouvoirs (pas forcément hiérarchiques par ailleurs) et des luttes d’influences identiques à ce qui est maintenant. Bref, à mon sens l’Homme Nouveau est une dangereuse utopie, qui comme voàus le pointez à la fin de votre billet peut se finir très très mal. Je ne rejette pas l’idée, mais il faut maintenir nombre de réserves sous peine de se retrouver piégé à son tour tout en croyant avoir changé l’Homme…

    • @ Moktarama : Thierry a raison d’insister : l’individuation est nécessaire. Tout le reste en découle, et notamment le taux de participation.

      Vous avez raison de rappeler qu’actuellement ce taux est de 1%, ce qui est évidemment bien trop faible. Encore faut-il que cette statistique soit vraie dans la durée. Autrement dit, sait-on si les 1% sont fixes ou « tournants » ? Et on rejoint alors en disant cela le caractère « non statutaire » du pouvoir dans le modèle anarchique tel que je le vois.

      A la différence de l’anarchisme puriste qui veut combattre tout pouvoir, je crois davantage que ce pouvoir sera mobile, éphémère. De fait le problème n’est pas qu’une minorité (même croissante) le détienne, l’important est que cette minorité ne soit pas maintenue artificiellement par la constitution d’un pays. Mais bien sur, il faudra aussi repenser le système économique en conséquence. Le capitalisme n’est pas soluble dans l’anarchisme puisqu’il confère une autre forme de pouvoir sous forme de rente, donc un pouvoir quasi-immuable.

      Ceci dit, je rejoins votre pessimisme quant à la capacité de tous les individus à changer. Si cela n’est pas possible, on risque alors effectivement de s’orienter vers une société de « netocrates » dans laquelle la population individuée dominera ceux qui subissent les messages produits et perdent leur capacité à orienter leur attention. Mais est-ce pire que le simulacre de démocratie auquel nous assistons actuellement ?

  • Clément

    Article bien écrit, je suis d’accord avec certains points:

    – bien sûr on va vers une société ou l’individu a plus de pouvoir, car la société est de plus en plus tournée vers lui; d’autre part, l’individu a de plus en plus de possibilités de s’exprimer, grâce à la démocratisation d’internet et des moyens de communication qui y sont liés, et par l’augmentation de l’esprit critique de la population (relative mais évidente: la population est de plus en plus alphabétisée comparé au siècles précédents).

    – les Etats ne peuvent évidemment pas tout résoudre, mais ça c’est pas nouveau.

    Pas forcément avec tous:
    – L’interventionnisme de l’état détruit la confiance: phrase plutot péremptoire s’il en est! Je ne vois pas pourquoi ça serait l’interventionnisme de l’Etat qui provoquerait la « société de défiance », je pencherais plutôt pour l’augmentation des inégalités et les difficultés économiques: Dans les années 60, on avait un Etat fort, un pouvoir beaucoup plus autoritaire que maintenant, mais les citoyens lui faisaient confiance (cote de popularité des dirigeants beaucoup plus fortes).

    De plus, il ne faut pas forcément prendre la France pour une généralité, à voir ton article sur la suède, l’Etat irréprochable est possible!

    – Et puis quand on voit le PDG de google, organisation monopolistique s’il en est parler d’anarchie, ça me fait bien marrer: Google est caractéristique des situations ou il n’y a pas de pouvoir central fort: Un individu, ou un groupe finit toujours pas prendre le pouvoir (tu vas me dire que google n’abuse peut être pas de sa position dominante, je vais donc te répondre que c’est parce qu’il existe des lois anti trust imposées par un pouvoir central qui limitent la possibilité d’écraser les autres).

    – Pourrais tu me donner un lien expliquant précisément ce qu’est l’individuation. Parce qu’évidemment dire que l’anarchie est souhaitable si et seulement si il se met en place un processus d’individuation qui va permettre aux individus de s’autogérer est enfoncer une énorme porte ouverte! La question est de savoir justement si les individus sont capables de s’auto gérer. Et la réponse est bien évidemment non!

    ==>comment ne pas s’en rendre compte? Quand l’état est faible, ce sont les intérets privés qui prennent le pouvoir: comme les religions, certaines entreprises, certains groupement d’influence: l’Etat est fait pour représenter l’intéret général et je trouve qu’en France, il y arrive relativement bien, mis à part quelques dérives, qui sont bien moins dangereuses que l’utopie d’une auto gestion!

    Sur la société « de surveillance et d’oppression », il faut peser ses mots, on a jamais été aussi libre en France qu’aujourd’hui, et c’est pas une loi Hadopi, aussi mauvaise soit elle qui va me convaincre du contraire! Alors oui à l’amélioration de la démocratie par internet, mais non au chaos anarchique! Sinon c’est la loi du plus fort!

    • @ Clément : je réponds un peu en vrac pour compléter mon précédent commentaire :

      « L’interventionnisme de l’état détruit la confiance » : j’en ai parlé dans un article précédent, je te recommande la lecture de l’essai dont je fait le résumé : oui la défiance est liée aux inégalités, mais cette inégalité est justement liée à l’Etat providence. Et c’est fondamentalement ce pourquoi je suis pour un système de dividende universel qui permet de diminuer drastiquement le niveau d’intervention de l’Etat tout en garantissant une égalité maximale.

       » La question est de savoir justement si les individus sont capables de s’auto gérer. Et la réponse est bien évidemment non! » : l’autogestion se porte très bien sur internet (merci pour elle) !

      Par rapport à l’individuation, tout est expliqué chez Thierry : http://blog.tcrouzet.com/tag/individuation/

      « Quand l’état est faible, ce sont les intérets privés qui prennent le pouvoir » : tout à fait, sauf que grâce à internet, ces intérêts privés se confrontent à l’exigence de transparence des réseaux, ainsi qu’à l’interdépendance des acteurs entre eux. C’est ça qui est nouveau et qui me fait dire que la démocratie n’a jamais été aussi peu utopique… Après le caractère utopique ou non reste très subjectif 😉

  • Clément

    Complètement d’accord avec Moktarama.

  • Clément

    Simulacre de démocratie, pourriez vous préciser? Il est utile de préciser que toutes les démocraties sont imparfaites!

    • Il est utile de préciser que toutes les démocraties sont imparfaites!

      –> Réponse typique de celui qui veut se rassurer devant la maison qui brûle en disant « De toute façon une maison a toujours besoin de quelques réparations ». j’aurais à la limite préféré le « il y a toujours pire ailleurs » que j’ai l’habitude d’entendre.

      Ce type de raisonnement pousse à la médiocrité et la suffisance.

      Ouvre les yeux : regarde sarkozy (père et fils), regardes l’état de la presse sous perfusion, regarde Woerth, regarde le cac 40 et les liens entre les grands dirigeants et le pouvoir, regarde le JT de tf1, regardes les séances de l’assemblée nationale, regardes le PS (lol !!!) … etc etc… Alors certes tout système est imparfait, mais là ce n’est pas de l’imperfection, c’est de la catastrophe sournoisement masquée derrière le masque bienpensant de la « démocratie ».

  • Clément

    Je suis d’accord, il ne faut pas se contenter d’un système médiocre. Mais cette réponse venait contrer ton traditionnel:

    « il y a plein de défauts donc un système qui ferait table rase de l’ancien serait forcément meilleur »

    Que l’on retrouve implicitement ou explicitement dans nombre de tes posts! Alors je veux te dire qu’il ne faut pas chercher l’unanimité, il faut un système qui tiennent la route, qui permette de gérer le pays, de manière relativement démocratique (il ne faut pas forcément ériger la démocratie en valeur suprême, il y a des systèmes sans doute plus démocratiques mais qui ne marchent pas forcément!).

    L’anarchisme aujourd’hui ne tient pas la route. « L’autogestion se porte très bien sur internet »: Mais parce qu’internet comme disait de très bon commentaires sur un post de M. Crouzet reste un espace virtuel, les relations entre les gens ne fonctionnent pas de la même manière dans la vraie vie: regardent tous les gens qui s’insultent sur les forums, parce qu’ils ne parviennent pas à se mettre d’accord: tu crois que ces gens pourraient gérer leurs désaccords dans la vraie vie sans qu’une force supérieure ne les contraignent à ne pas s’entretuer? C’est du vrai fantasme!

    1% des individus créateurs sur internet? Eh l’individuation on en est loin! De toute manière je me méfie de l’idée qu’un outil aussi utile et révolutionnaire qu’internet pourrait changer l’homme en lui même. En 68, beaucoup de gens pensaient peut être que le moment de l’anarchie était venu… Aujourd’hui, beaucoup dont Cohn Bendit reconnaisse que si 68 avait réussi, ça aurait été une catastrophe! Peut être que dans 30 quand Stan se sera embourgeoisé, il dira la même chose 😉

    • Oui Clément, je fais une fixette sur le système dans son ensemble car c’est le seul type d’analyse qui me permet de ne pas tourner en rond. Moi aussi j’ai voulu attendre qu’un zorro vienne mettre de l’ordre dans tout ça. J’ai même voté sarko LOL #fail !

      Mais la vérité c’est que même si le zorro existait, il finirait comme tous ces gens au pouvoir : perverti, asservi par le pouvoir et surtout par le tant désirable abus de celui-ci. Il deviendra alors à son tour un pion alimentant la machine. Pourquoi ? Parce que même le meilleur zorro n’en est pas moins un humain. Un pauvre humain avec ses tentations, ses soucis personnels etc. D’ailleurs en y réfléchissant bien, si le vrai zorro existe, et bien je pense qu’il aurait tellement peur de se faire bouffer par le système qu’il n’oserait même pas entrer dans la mêlée.

      Après, tu peux choisir de virer tous les pions et de les remplacer, mais s’ils sont toujours placés sur le même échiquier, le même scénario se déroulera encore et encore jusqu’à l’échec et mat.

      Alors plutôt que de tourner en rond, j’ose imaginer d’autres choses… Je ne dis pas que j’ai la vérité, j’explore…

      Quelques remarques en vrac sur le reste :
      – l’outil change l’homme autant que l’homme change l’outil. La maitrise du feu a sédentarisé l’Homme
      – Une  » force supérieure » (étatique je suppose) n’empêche personne de tuer. Elle permet éventuellement de rétablir la justice ensuite. Nuance.
      – Mai 68 est une tentative de révolution violente. Ce n’est pas la « solution » (qui n’en est pas une) que je souhaite. Il faut trouver une solution de transition non violente. D’ailleurs réflexion déprimante du soir : la génération de Mai 68 avait au moins l’espoir d’un avenir meilleur. Qu’en est-il de la notre ? je n’en vois qu’en sortant de la boite du conformisme bienpensant. Et toi, qu’est-ce qui te fait espérer? Les accords du G20 ? 2012 ? L’ump ? (c’est une VRAIE question, je suis curieux de recueillir ta réponse)…

      @Moktarama

      Je m’attendais bien sur à ce genre d’arguments. Je les comprends et les admets… en partie 😉 Mais je crois qu’il reste très difficile d’affirmer ces phénomènes comme immuables alors que la révolution numérique ne fait que commencer. La marge de progression est encore grande! Si demain on arrive à un taux de participation citoyenne de 3% plutôt que 1%, ce sera déjà une bonne avancée, non ?

  • @Stan :

    Regardez qui sont les têtes d’affiches « bloguesques » ou de twitter, ou le champ des « prophètes du net » . On a des positions qui se construisent et changent mais avec au final un noyau de personnes extrêmement réduit qui reste, lui, très statique (même chose pour les commentateurs ou forumeurs) . On a des phénomènes de suivisme ou de commercialisation extrêmement similaires à ce qui se produit dans les autres canaux de communication.

    Certes, la diversité est plus importante sur le web, mais au final les mécanismes de socialisation me semblent strictement identiques au reste. Et donc, comme pour le reste, il n’y a jamais stabilité dynamique des échanges. Ce qui ne veut pas dire que nos démocraties ou nos systêmes ne peuvent pas être (grandement) améliorés, mais simplement que croire en la possibilité de modifications si profondes de ce qui caractérise à la racine notre espèce est à mon sens une illusion, et une illusion qui (comme toutes les illusions philosophiques ou politiques) peut s’avérer dangereuse.

  • @Stan :

    Sur le 1% vs 3% : bien évidemment, ce sera quelque chose de positif, de la même manière que l’écriture, puis les libelles et journaux, ont amélioré la plupart des sociétés. Pour autant, eux pas plus que le web n’ont modifié en profondeur les structures sociales humaines (car en surface, chacun a eu une influence forte, mais jamais sur les principes de base régissant la socialisation) . Pas plus que l’idée de Rationalité ou la méthode scientifique (les sondages sur les croyances paranormales ou la voyance en sont témoins, atteignant toutjours aujourd’hui des proportions délirantes compte tenu de l’amélioration drastique de l’éducation) .

    Vous mentionnez le feu à un autre commentateur, c’est un très bon exemple : plus de dix mille ans après la sédentarisation de la majorité de l’espèce, l’ensemble des structures biologiques de stockage de l’énergie est identique à ce qu’elles étaient pour nos ancêtres du paléolothique (et l’obésité est devenue avec l’équilibre puis l’abondance alimentaire dans certains pays un problème majeur) .

    Et les ressorts sociaux humains sont restés quasiment identiques dans le temps : c’est bien pour cela que les textes philosophiques les plus anciens ne sont pas forcément moins actuels que les plus récents, que Zénon, Hérodote comme Machiavel ou Stendhal font des descriptions de ce domaine de l’humain qui sont (chacune avec leur subjectivité propre) toujours valables aujourd’hui et souvent même résonnent avec des évènements ou épisodes d’actualité. Penser cette permanence (à notre échelle temporelle) des caractères profonds de l’espèce, c’est s’obliger à prévoir le pire comme éviter de tomber dans une espérance déraisonnable et possiblement dangereuse. Stendhal est un assez bon exemple de ce que je prône ici, lui qui vit passer tant de régimes et les structures de pouvoir toujours se renouveler (et de manière fort inventive) , de la révolution à la restauration…

  • Clément

    Encore complètement d’accord avec Moktarama qui exprime sans doute mieux que moi le fond de ma pensée!

    Alors Stan, qu’est ce qui me fait espérer dans la vie? Mais pas l’Etat: Pourquoi penses tu que l’Etat doive te donner une raison de vivre: l’Etat doit fournir un cadre qui te permette de vivre ta vie, après l’Etat n’a pas pour rôle de te donner une vie pépère, parfaite! L’espoir d’avoir une vie meilleure, je pense que beaucoup de communistes l’avaient, et aujourd’hui, peu de gens se revendiquent encore de ce mouvement! Alors c’est sympa de nous donner de l’espoir Stan, mais c’est pas ça qu’on veut on veut un système qui marche! Le rôle d’un Etat n’est pas de rendre heureux ses citoyens, sinon on vire à un certain paternalisme qui se rapprocherait d’un totalitarisme!

    Ce qui me fait espérer, c’est l’assurance que j’ai de pouvoir construire une vie potable dans ce système, de pouvoir être heureux, d’avoir une famille, un métier…etc. Ton anarchie qui dégénèrerait rapidement en tyrannie me fait donc un peu peur!

    – « La force Etatique n’empêche pas de tuer »: Bah non mais elle le dissuade fortement! Va dépénaliser le meurtre mon bon Stan, tu n’obtiendras surement pas une réduction de leur nombre!

    – Bon ensuite, pour un jourdaniste humaniste, je te trouve très pessimiste sur les hommes au pouvoir! Je te conseille de lire une biographie du général De Gaulle, ça te redonnera foi en l’homme! Sans rire évidemment que tu ne dois pas attendre un Zorro! Personne ne fait l’unanimité, même toi au pouvoir tu ne réussirais pas! Si tu attends que l’Etat soit parfait pour pouvoir vivre, tu vas attendre longtemps!

  • Clément : tu te méprends complètement : je ne crois pas que l’Etat doive rendre les gens « heureux ». C’est bien au contraire ce qui me révolte en France. L’Etat providence a voulu rendre la société parfaite en gommant les inégalités etc.

    Et c’est un échec retentissant. Je suis profondément convaincu que le meilleur gouvernement est celui qui intervient le moins.

    Et je n’attends personne pour vivre, au contraire je n’ai jamais été aussi heureux que depuis que j’entrevois d’autres possibles.

    Pour revenir sur ce que Moktarama dit, peut être que l’Homme ne change pas au fond, mais l’environnement a tout de même un impact sur lui (mets la même personne dans une cage ou dans un jardin et observe la différence!).

    De plus, L’individuation a toujours été un option, il n’y a rien de nouveau à cela. Cette option devient juste plus avantageuse avec internet, car se spécialiser est moins couteux que de vouloir être expert en tout. C’est un simple calcul rationnel.

  • Clément

    Et le DU? Ce n’est pas une intervention pour gommer les inégalités?

    Tu es contre l’Etat providence? Donc contre la sécurité sociale, l’assurance maladie, le chômage…etc qui ont provoqué le développement de la France pendant de longues années, et fait diminuer la pauvreté? En fait tu es de la droite dure Stan!
    L’Etat providence n’a pas voulu construire un monde parfait mais diminuer la misère et renforcer l’économie en permettant aux ménages de consommer plus grâce au filet de sécurité.

    Par contre, les communistes, qui représentent une forme d’anarchisme voulaient eux construire un monde parfait (Mais non clément, le super outil internet va faire que ça n’arrivera pas…mouais!)!

    • Le dividende universel est certes une intervention étatique, mais elle vise justement à être minimaliste et suffisante pour garantir l’égalité et la sécurité de tous.

      Elle ne « gomme » pas les inégalités, elle se contente de ne pas en créer. (ce qui est déjà pas mal!)

      L’Etat providence a voulu gérer chaque cas particulier de chaque personne. C’est ça qui bloque dans le système : cette méthode nécessite des couts colossaux non seulement dans la mise en place, la maintenance, et le contrôle derrière pour s’assurer que personne fait la sangsue. c’est pas pour rien qu’on a 1 million de fonctionnaires, et en même temps plus de 38 régimes de retraite différents !

  • Dans l’ensemble, je suis d’accord avec toi: un peu moins de concentration des pouvoir est une bonne chose. Plus les individus seront libres, mieux ce sera.
    Mais je ne sais pas si toutes tes références sont pertinentes.

    Quand tu dis « Comme le dit Eric Schmidt (CEO Google), internet est la plus grande expérience anarchique de l’Histoire », j’ai du al à te suivre. Je ne considère pas Google comme un bon avocat de l’anarchisme. Google a plutôt tendance à concentrer le pouvoir et les informations pour son intérêt presque exclusif. Google tient un discours marketing de haut niveau, il reprend tout un tas d’idées qui sont chères aux internautes. En réalité, est-il en accord avec ces idées?

    • @Eric Je n’ai cité Schmidt que parce que je suis tombé sur cette image accompagnée de sa citation que j’ai trouvé éloquente. Mais je suis bien d’accord avec toi : Google ne va pas du tout dans le sens de l’anarchisme. C’est au contraire un acteur parmi d’autre qui risque de centraliser beaucoup de pouvoir au détriment du reste de l’écosystème.

  • Clément

    C’est donc bizarre de citer quelqu’un avec qui on n’est pas d’accord!

    Je crois que vous confondez deux choses: démocratie et concentration des pouvoirs.

    Ce n’est pas de moins de concentration des pouvoirs dont la France à besoin! La concentration des pouvoir permet l’efficacité. Ca n’est pas pour rien qu’on a renoncé à des régimes ou les pouvoirs étaient moins concentrés: la 3ème et 4ème république: Ces régimes n’ont pas réussi à gérer les crises auxquels ils étaient confrontés.

    Après il faudrait introduire plus de démocratie, je suis d’accord: En fait aujourd’hui, nous avons le choix entre deux candidats: celui de l’UMP et celui du PS: Ces deux partis sont tellement puissants qu’il est impossible à un individu seul ou d’un autre parti de présenter une alternative crédible, car il n’a pas la puissance médiatique et financière.

    Il faudrait sans doute réduire la puissance des partis, en réduisant les budgets com’ des partis, pour que les candidats en émanant soient moins favorisés…

    Par contre, dire qu’il faut moins de concentration des pouvoirs est un lieu commun débile de la politique sauf votre respect: c’est pour ça qu’on a créé des régions dont tout le monde se fout (il n’y a qu’à regarder l’abstention aux élections régionales), et dont le rôle consiste à servir l’opposition de manière stérile et dépensière (Stan tu parles du nombre de fonctionnaire, mais celui des collectivités augmente, alors que celui de l’Etat diminue…) et à foutre la merde.

    Donc à un Etat fort avec plus de démocratie, mais non à l’anarchisme et à la dislocation des pouvoirs! Ce qui me frappe dans vos raisonnements, c’est que vous considérez que les dix dernières années doivent remettre en cause une évolution permanente mais lente de la France. Internet bouleverse en effet la vie des gens, mais pas assez vite et pas forcément dans le sens vers lequel vos fantasmes vous emmènent!

    • Tu baisse de niveau avec ces 2 commentaires… mais je vais néanmoins te répondre.

      Je ne confonds rien du tout. Démocratie et centralisation du pouvoir sont très liés.

      « La concentration des pouvoir permet l’efficacité. » ?????? LOL ! La France est un des pays les plus centralisés, et l’on ne peut pas dire qu’elle soit des plus efficaces…
      Alors certes la centralisation était nécessaire pendant une période de l’histoire pendant laquelle l’organisation de la société était assez simple. Mais la complexité augmente, et la concentration du pouvoir ne sait pas la gérer.

      Tu confonds ensuite déconcentration et décentralisation. La décentralisation aurait certes du être entamée depuis plus longtemps en France, mais dans cet article, c’est bien de concentration des pouvoirs par l’Etat en général dont il est question. La décentralisation n’est qu’une première étape.

      Enfin, sur la crise des médias, là désolé mais je crois que tu ne sais pas de quoi tu parles. Médiapart a fait un coup d’éclat, certes, mais :
      1. ce n’est pas un média de masse, mais un média de niche
      2. le modèle de mediapart n’a jamais été rentable… comme les grands sites de médias d’ailleurs (et il ne faut pas croire lefigaro par exemple qui se vante de l’être, alors qu’en vrai ils ne livrent que les comptes consolidés de l’ensemble des activités du groupe, c’est à dire en vrac des sites de cul, de shopping et de presse en ligne…). Et il ne faut pas oublier non plus que la presse en ligne (comme la presse papier) et subventionnée par l’Etat… Bref aujourd’hui, seul rue89 semble approcher l’équilibre grâce à ses activités de service (formation notamment)
      3. C’est justement la « délocalisation » vers internet qui ne fonctionne pas. Ce n’est pas si simple, non seulement économiquement (baisse du prix de la pub sur internet) mais aussi niveau éditorial : les médias ne peuvent plus se permettre de la jouer « top-down » car ils se font autrement défoncer en commentaires ou par les blogs à la moindre erreur. Ils perdent ainsi petit à petit la confiance de leurs lecteurs.

      PS : je n’ai jamais revendiqué être un « journaliste citoyen » ; essayer d’être un citoyen me suffit déjà.

  • Clément

    De plus les grands médias de masse ne sont pas du tout à l’article de la mort, ils délocalisent juste sur Internet!

    Tu n’as qu’à regarder les dernières infos sur le scandale Woerth Bettencourt, elles viennent toutes de journaux sur Internet! Et pas du journalisme citoyen dont tu te revendiques et qui semble s’essoufler…

    http://www.slate.fr/story/24179/lol-memes-lolcat

  • Clément

    Encore une fois, je ne vois pas ou la concentration du pouvoir et la centralisation (historique de la France, la France a tjrs été centralisée) sont la cause d’une inefficacité, alors je veux bien que tu me le démontres, et m’expliquer en quoi la déconcentration et la décentralisation peuvent aider.

    Et oui Stan, la concentration des pouvoirs permet l’efficacité en cas de crise grave, c’est une évidence historique, même si elle présente peut être plus de risques.

    Sur la crise des médias, je n’ai sans doute pas été assez clair: Si tu veux faire la distinction entre média de masse, et média de niche, alors d’accord.

    Je faisais la distinction entre journalisme professionnel (ceux que tu veux faire disparaître), et journalisme citoyen, informations ou réflexion telles que tu les développes sur ton blog, appelle ça comme tu voudras: Le fait est que contrairement à ce que tu dis, on a toujours besoin des journalistes, et qu’on n’est pas prêts de s’en passer.

    Sur la rentabilité, le journalisme est en plein bouleversement, alors je pense qu’il faut laisser du temps au temps. Peut être que bientôt, grâce aux nouvelles technologies nomades comme l’Ipad ou autre tablettes, les journeaux papiers vont définitivement être abandonnés, et les journeaux sur internet vont devenir rentables.

  • Mais qui a dit que je voulais la mort du journalisme professionnel ? Je suis pour le développement du journalisme citoyen, certes, mais les journalistes ne me dérangent pas quand ils font bien leur boulot et qu’ils ne se cachent pas derrière une pseudo neutralité.

    Si tu commences à réinventer mes propos, on ne va pas s’en sortir…

    Concentration du pouvoir ==> abus de pouvoir, bureaucratie, immobilisme. Ca te va comme ça ?

    La centralisation française est historique, tout à fait. D’ailleurs notre inefficacité économique et sociale aussi.

  • Clément

    L’inefficacité historique? Ah bon. Je ne pensais pas que les trente glorieuses nous avaient démontré l’inefficacité de la centralisation du pouvoir!! Ce sont plutôt les mauvaises décisions d’hommes politiques pas assez pragmatiques! Je ne vois pas en quoi la France est si efficace que ça, à moins que tu ne la compares avec ton fantasme nordique qui est difficilement comparable avec un pays culturellement, géographiquement, géopolitiquement, démographiquement très différent…

    Bureaucratie n’est pas pour moi un gros mot, mais ça l’est devenu dans le langage courant, avec l’apparition de certaines dérives notamment chez les fonctionnaires mais aussi dans certaines entreprises privées. C’est Max Weber qui a mis en évidence ce concept qui est un type d’organisation rationnel qui doit mener à plus d’efficacité (et qui de fait mène à plus d’efficacité, c’est pour ça que quand les entreprises grossissent, elles deviennent des bureaucraties).

    C’est justement quand le pouvoir n’est pas assez centralisé qu’il y a un risque d’immobilisme, car on ne sait pas qui est responsable : Ne dit pas qu’on est immobiliste parce que les évolutions ne vont pas dans ton sens!

    Abus de pouvoir, j’avoue, c’est le risque de la centralisation des pouvoirs, mais j’estime (c’est évidemment subjectif) que ce risque est plutôt mesuré en France (je ne parle évidemment pas des régimes africains…;) et je préfère ça plutôt qu’un régime faible, qui ne permettrait pas de se tirer des différentes crises comme on peut en connaître souvent. De plus aujourd’hui, on a des contre pouvoirs gigantesques comme Internet, comme des médias qui jouent parfaitement leur rôle comme médiapart ou Le Monde qui n’hésitent pas à alimenter les scandales (j’essayerai de retrouver dans tes textes les moments ou tu dis que tu ne veux plus de presse professionnelle), avec une opposition…etc

    Je le répète, on n’a pas besoin de moins de centralisation du pouvoir, mais de plus de démocratie! C’est la seule chose que les constituants de 58 ne voulaient pas, c’est que les partis reprennent le pouvoir sur les scrutins, et c’est ce qu’il se passe progressivement. C’est ça qu’il faut changer à mon sens.

    • Tu m’exaspère…

      Quand cela fait 30 ans que le chomage augmente, que les inégalités augmentent, que la croissance stagne et que l’endettement public augmente, oui j’appelle ça de l’inefficacité *historique*.

      Ce n’est pas parce que la bureaucratie est un mode d’organisation qui répond a des besoins réels que c’est 1. une bonne chose qui accroit l’efficacité (c’est plutot pour « limiter l’inefficacité » de mon point de vue 2. la meilleure réponse à la complexité . Et ce n’est pas parce ce que Weber a vanté ce modèle il y a 200 ans que c’est toujours d’actualité.

      http://www.internetactu.net/2010/07/16/embrasser-la-complexite/

      La centralisation peut certes gérer les choses quand l’environnement est simple. En entreprise, un chef de projet peut totalement superviser un petit projet facilement (s’il n’est pas con). Mais dès que le projet devient trop gros, il doit toujours déléguer plus et responsabiliser ses collaborateurs. Sinon il devient soit surmené, soit prend de mauvaises décisions sans prendre en compte la réalité du terrain.

      La concentration/centralisation ne sait pas gérer la complexité. Or le monde devient de plus en plus complexe ! Tu cites les trente glorieuses comme preuve de l’efficacité de la centralisation, mais cette période était justement moins complexe qu’aujourd’hui. Tout était plus simple comparé à aujourd’hui : société de masse vs. individualisme ; OST vs. organisations complexes ; nationalisation vs. mondialisation ; médias de masse vs. NTIC/éclatement de l’information.

      L’immobilisme est actuellement directement issu de ce paradoxe : l’Etat veut tout contrôler alors que la complexité s’accroit. Si on donnait plus de pouvoirs aux citoyens, nul doute que ceux-ci s’organiseraient davantage par eux même pour déployer des solutions plus pragmatiques qui répondent réellement aux besoins et usages du terrain. c’est ce qu’on appelle l’innovation sociale. Tendance en vogue dans les pays scandinaves (encore eux, ils font chier hein!) mais aussi en Angleterre figures-toi. Mais en France c’est le néant j’ai l’impression malheureusement. Les raisons (à mon avis) : étatisme trop fort et manque de confiance des citoyens (les 2 étant parfaitement corrélés).

      Abus de pouvoir : tu me fais doucement rigoler. Tu prends l’affaire mediapart en exemple alors que c’est justement l’oasis dans le désert. il aura fallu quand même plus de 15 jours entre la publication de l’article de mediapart et la « reprise » de l’info par les grands médias (sous les termes de « rumeur une nouvelle fois venue d’internet etc »). Dans la plupart des autres pays, Woerth ou ses compères dans des situations similaires auraient déjà démissionné. On est clairement dans des situations d’abus de pouvoir (titre du dernier bouquin de Bayrou d’ailleurs) depuis plusieurs années en France et rien ne se passe. Regardes l’excellente emission de @si tu comprendras mieux de quoi je parles : http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3174

      Je ne peux être que d’accord avec toi quand tu dis qu’internet est un contre-pouvoir, mais ce n’est pas encore le cas que faiblement actuellement car l’élite met tout en oeuvre pour décrédibiliser cet espace publique.

      Et les scrutins ne valent rien : ils sont manipulés par les sondages ; l’absence de vrais débats de fonds au profit du démagogisme, et l’abstention qui les rend illégitimes.

      PS : cette histoire va te plaire… il y a plein de bureaucratie chérie dedans : http://maitremo.fr/2010/07/17/les-cles-du-paradis

  • Clément

    * que la France est si INefficace que ça

    Lapsus surement révélateur 😉

  • Clément

    Je suis fait pour t’exaspérer stan! C’est ma raison de vivre.

    Partiellement d’accord avec toi, pas du tout sur tout, mais il vaut mieux passer à autre chose!

  • En gros le système idéal c’est une vraie démocratie, où le peuple choisit ses représentants (au lieu de les éliminer) qui sont responsables devant lui, mais qui ne cherchent pas pour autant le clientélisme et le consensualisme…

    On pourrait dire simplement que ce n’est pas la démocratie aujourd’hui, mais la démagogie, où l’on avance à pas feutrés pour faire entendre à chacun ce qu’il a envie d’entendre… C’est pratique puisque les pouvoirs en place (politique, économique, presse…) restent les pieds bien au chaud!

    Après le débat de la centralisation et de « l’individualisation », j’ai envie de dire que c’est aussi à chacun de se prendre en main, ce qui évite à l’Etat de légiférer dans tout, d’intervenir dans tout, y compris ce dans quoi il n’est pas efficace. C’est là aussi que se gagnera l’individualisation, mais qui ne doit pas être l’individualisme!

    On ne peut pas tout mettre sur le dos d’un Etat qui finalement prend la place que veulent bien lui laisser ses citoyens!

  • @Vincent : Je pense que le problème est justement dans le « choisit ses représentants ». Je ne crois plus à ce mode de fonctionnement. Les intermédiaires finissent toujours par profiter de leur situation pour leur profit personnel. Et les élections ne permettent à ce jour de garantir une vraie et juste représentativité du peuple.

    Autant passer directement à l’étape supérieure : une vraie démocratie directe. Mais sinon je suis bien d’accord avec toi 😉

  • néobio

    Salut, je suis de l’avis de stan, j’ai lu un truc au sujet d’un choix qui serait fait par le peuple, un choix des personnes les plus aptes à faire les bons choix, une centaines ou une cinquantaine, par tirage au sort et ensuite les gagnants tirent au sort le gouvernement parmi eux même (oups voila le lien retrouvé http://www.dailymotion.com/video/xhm97w_entretien-avec-etienne-chouard-3-le-systeme-electif_news )

    aucun risque pour l’administration qui ne bouge pas

    en france le gouvernement et la démocratie, n’existent pas vraiment, en réalité les vrais dirigeants sont le medef/cac40
    ceux qui possèdent les médias, les médias ne sont pas sous perfusion stan , c’est comme ça que ça doit marcher pour que le systeme soit pertinents aux yeux du medef

    tout comme l’affaiblissement de l’état lui aussi fait parti du plan, c’est si important que ça explique le non respect du referendum de 2005

    il n’y a jamais eu de démocratie en France, il suffit de lire ou d’écouter le livre ou la conférence d’annie la croix riss : « le choix de la défaite » pour en être persuadé
    http://www.veoh.com/watch/v20670553xmfgjk9A (marche plus chez moi..)
    http://www.youtube.com/watch?v=aoUatq7UdG4 (1/11 trois heures au total)

    Le système démocratique est, comme le disait Churchill, le « moins mauvais des systèmes »
    je pense qu’il n’a pas fini sa phrase lol…

    voici un texte de french leak (médiapart) qui ne laisse aucun doute sur qui commande en france: à noter que les médias qui en parlent , en parle comme si le texte émanait du gouvernement lol comme si le médef était légitime pour légiférer ou dire comment légiférer, http://www.frenchleaks.fr/Le-document-confidentiel-du-Medef.html
    je me demande dans quelle mesure ce type de révélation ne servirait qu’à laisser entrer progressivement le médef comme législateur petit à petit en douce lol
    (désolé stan je néglige mon pearltrees mais c’est pour mieux m’y remettre bientôt 😉 )

    pas la peine de se torturer avec tout ça, bientôt la crise financière géologique ;)_)

  • Via

    Je m’excuse si je suis redondant vu que je n’ai pas lu les autres commentaires (manque de temps).

    Quelques remarques néanmoins: bien sûr internet est une formidable chose mais je ne crois pas du tout à l’avènement de la société anarchique telle que vous la décrivez (si j’ai bien compris) et au système « antihiéarchique ».

    Je crois qu’internet reste un outil (formidable, au demeurant), mais qu’utilisé par des gens qui se pensent « émancipés » et « libres » tout en étant en réalité imparfait (et donc esclaves de leur imperfection) comme tout le monde, internet produit aussi toutes les dérives que l’on sait: sectarisme, complotisme, fausses rumeurs, scientisme de comptoir (chacun se prend pour un grand scientifique parce qu’il a lu 3 trucs sur internet), etc.

    En fait votre « système » se heurte à un aspect anthropologique de base: l’Homme étant ce qu’il est, « l’autogestion » et « l’anarchie libre » relève au mieux du mythe, au pire de l’hypocrisie. Même dans les squatts libertaires, les communistes s’engueulent avec les anarchistes, qui s’engueulent avec les décroissants, qui s’engueulent avec les antilibéraux…

    Ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas à la « révolution numérique  » et au formidable impact d’internet, mais je serais beaucoup moins optimiste que vous sur les possibilités d’une grande révolution à partir du web anarchique. Internet n’est que le reflet de la société: il y a du pire et du meilleur. Surtout du pire (entre nous prenez un panel de 20 commentaires sur n’importe quel article du figaro, libé, le monde, et 3-4 blogs, et regardez le niveau…)

  • @Via :

    Je ne promeut pas l’anarchie demain : je dis jusque que nous devrions tendre vers cela car c’est le sens de l’histoire que de libérer la société de la hiérarchie.

    Ce qui se passe (de bien) sur internet aujourd’hui n’est certes qu’un microphénomène pour le moment. Mais ce n’est que le début. Petit à petit les gens suivront.

    Je ne suis pas d’accord sur le fait qu’internet « produit » des méfaits : il reproduit simplement ce qui se passe dans la vraie vie sur le réseau. Et je pense que ces méfaits sont justement mieux contrôlés sur le net. Wikipédia est un bon exemple : le vandalisme y existe mais il est réparé, contrôlé, sanctionné assez systématiquement. Pourquoi ? Parce que c’est l’intérêt de tous que l’encyclopédie soit fiable.

    Mais sinon, je suis bien d’accord avec toi sur un point : la révolution (s’il devait y en avoir une) ne sera pas numérique. Elle sera économique, monétaire, alimentaire. Le numérique ne fera que l’y aider.

    (nb : c’est en tout cas ce que je pense 9 mois après avoir écrit ce texte – que je redécouvre presque 😉 )

  • mac abann

    Le gouvernement Sarkosy n’est que le reflet de ce qui se passait sous le boisseau depuis 30 ans… La seule différence est qu’ils le font en plein jour maintenant. Ce qui veut dire que le systeme représentatif ne sert qu’élite : des nobles d’argent apres des nobles de sang….

    Or ce n’est pas le peuple qui s’est soulevé d’un seul homme en 1789 mais les bourgeois qui ne voulaient plus payer les taxes….et ont utilisé le peuple comme bras armé en exitant leur colere… bourgeois qui trone au pouvoir depuis et fait tres exactement la meme chose que les rois et empereurs…. d’ou le danger de la concentration des pouvoirs…

    La démocratie directe permettrait au peuple d’en maitriser ou au moins d’en denoncer les derives étant a l’interieur et a l’exterieur du systeme, il permettrait de fluidifier l’information qui circule au niveau de l’état…. et non plus l’information contrôlée qu’on a avec une democratie représentative

    En d’autres termes, comme le representant n’est plus le seul a posseder l’information d’état, il devient beaucoup plus difficile pour lui d’en tirer un profit personnel…. Reste qu’il ne faut pas se laisser abuser sur les pseudos participations que nous ont proposé les partis jusqu’ici…

    mais tout comme stan….je ne veux plus donner mon pouvoir d’agir par le vote, je veux etre acteur moi-meme….par contre il est hors de question de recourir à la violence car ce ne serait que le peuple qui payerait encore les pots cassés….

    il existe d’autres alternatives comme demander la destitution pour non représentativité…encore faut il recueillir suffisamment de signatures.

    ou plus mechant , ne plus mettre nos economies à la banque ce qui obligerait le systeme economique a laché rapidement les politiques : le premier ne se detruira pas pour le second….(parce que sans la matiere premiere à leur flux financiers, plus de flux)

    ou tout simplement refusez de travailler….merde les esclaves qui se rebiffent…. on aura tout vu…lol