La tentation de la dictature

Par les temps difficiles qui courent, le risque d’une dérive autoritaire se fait de plus en plus évident. L’Histoire l’a déjà montré par le passé : quand les raisons d’un déclin ne sont pas clairement identifiées, que les solutions semblent inexistantes, la recherche d’explications simples aboutit irrémédiablement à la désignation de boucs émissaires, à la faveur d’un opportuniste de passage.

De même qu’Hitler au sortir de la crise de 29, des vautours de la politique rôdent aujourd’hui sur le cadavre de la cohésion de la société française, et guettent 2012 pour tirer leur bout de gras du corps électoral et obtenir ainsi le couronnement suprême. Saurons-nous les en empêcher ?

A chacun son bouc émissaire : la gauche veut casser du riche, la droite veut étouffer du pauvre, et l’extrême droite veut déporter tout ce qui n’a pas la peau tatouée du sceau de la « nation » française.

Ne soyons pas naïfs : en termes d’autoritarisme, la frontière entre la gauche et la droite est très fine, voire perméable. Et finalement, qu’importe l’identité de la victime choisie par un camp ou par l’autre, car l’effet reste le même : un grand gâchis, parfois même de la charpie.

L’Etat sous menace

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Les démocraties modernes font face à une double menace. D’un coté, l’irrémédiable concentration des marchés conduit les grandes entreprises à devenir trop puissantes jusqu’à pouvoir imposer leur règles aux gouvernants, notamment en faisant jouer la concurrence internationale dans un contexte mondialisé. De l’autre coté, les citoyens, grâce à internet gagnent aussi en pouvoir d’influence et peuvent contester ouvertement les institutions. Mais ce nouveau pouvoir, trop dispersé, divisé, peine encore à trouver sa place et à avoir un impact tangible.

Au milieu de tout cela, une structure de pouvoir se délite : l’État, asservi par des intérêts économiques privés et discrédité la société civile qui s’agite sur internet. Les institutions ne sont pas adaptées à ces phénomènes, et plutôt que tirer parti de l’évolution du progrès, elles le rejettent.

L’impasse est derrière nous

Face à cette déliquescence du pouvoir de l’État et parallèlement de la Nation, il est tentant de penser que la solution se trouve dans le grand retour en arrière, dans le repli sous la carapace d’un État protecteur et autonome, dans la centralisation.

Mais les structures centralisées ont besoin de règles, d’autorités, de contrôle, de subordination. Pour restaurer l’ordre social d’antan, les conservateurs se rendent-ils compte qu’il leur faudra faire face à la complexité croissante du monde ? Ont-ils évalué les chances de succès d’un système centralisé à l’heure où l’information échappe totalement à tout contrôle, où les frontières sont perméables, où les cultures se nourrissent les unes les autres, où le concept de Nation perd son sens ? Ont-il vraiment réfléchit à la viabilité d’un retour des règles d’hier alors que les dynamiques sociales ont tant évolué depuis ? Et est-ce que les nouvelles générations qui jouissent aujourd’hui de libertés nouvelles accepteront de se soumettre à un retour vers un ordre social simplifié, mais qui offre moins de possibilités ?

Vous l’aurez compris : je n’y crois pas. Le doux rêve de l’État protecteur est un fétichisme bien français. Mais on idéalise souvent le passé sans mesurer toutes les conditions qui font que chaque période historique est particulière. Les Trente Glorieuses par exemple, dont un bon nombre de politiques fantasment, ne furent finalement qu’une toute petite période au regard de l’histoire de l’Humanité. Et l’on voudrait nous faire croire que ce modèle de croissance extensive, de plein emploi et de paternalisme économique, serait LE modèle ultime ?

Ce ne serait pas grave si cette vision n’était ‘que’ stérile. Mais le problème est que son échec prévisible peut nous conduire au pire. En effet faute de parvenir à tout contrôler et à parvenir à leurs fins, les tenants du souverainisme devront probablement en finir par museler la complexité et ceux qui la créent : la liberté des citoyens. Faute de résultat, ils tenteront de faire croire que le seul moyen de s’en sortir, c’est que nous nous restreignions. La tentation de la dictature sera trop forte : ils essaieront d’imposer leur ordre juste par la force.

Et si tant est qu’une « dictature éclairée » puisse exister, le risque de dérive vers un autoritarisme fascisant n’est pas à exclure non plus.

L’autre voie

Il y a bien ici et là des gens un peu à part qui pensent que tout ceci est absurde, que les problèmes sont éminemment plus compliqués que ces raisonnements binaires. Des gens qui ne croient pas à l’existence de véritables coupables. Et pour cause : ils ont parfois l’impression d’être eux-aussi les moutons de la farce, en se complaisant dans les règles du système en place. Parfois même, ils se surprennent à se conforter dans l’insouciance de l’ignorance.

Et puis il y a ces idées qui trainent dans l’air du temps : l’open-source, l’économie du partage, de la connaissance, de la gratuité, la transparence, le revenu de vie, la collaboration, les bien communs, les monnaies alternatives etc etc. Autant de concepts en rupture nette avec les schémas traditionnels.

Alors que l’économie capitaliste place les individus en compétition, internet permet l’interdépendance, décuple les forces. La coopétition est préférable à l’affrontement. Internet donne de la place à une « production sociale élargie de valeur » qui échappe bien souvent à la logique du marché où les incitations financières sont censées motiver l’Homo oeconomicus.

L’État dans tout ça, devient de plus en plus obsolète : la gestion d’un certain nombre de biens communs pouvant par exemple être confiée à la collectivité sans structure centralisée. Si bien que si l’État est toujours nécessaire, son intervention ne saurait être justifiée que lorsque cela bénéficie directement à tous les citoyens. Et, plus que jamais, son fonctionnement devrait être ouvert, transparent, résilient.

Internet profite certes aux capitalistes, mais il ne sauvera pas LE capitalisme. On voudrait qu’internet soit le prochain relai de croissance, d’emploi. Mais c’est illusoire : la vérité c’est qu’internet tue l’emploi par les gains de productivité et l’explosion des échanges de valeurs non-marchandes. Les grappes d’innovation existent certes, mais la richesse qu’elles créent est diluée dans le réseau, par le crowdsourcing et par le gain d’efficience des transactions qui diminue mécaniquement la création de valeur nominale. Le PIB lui, n’en profite qu’à la marge. Le déclin continuera donc si l’on ne prend pas la mesure de ces évolutions.

Les idées sont là, la technique se met en place au fur et à mesure des expériences. Mais l’inertie de la société à ces changements est terriblement pesante, tandis que la vivacité des réactionnaires est toujours plus surprenante. Tout semble prêt pour le changement, mais rien ne bouge dans le bon sens.

Un plan de sauvetage de la Démocratie ?

Le temps va passer très vite. Au rythme des scandales et des polémiques stériles de l’actualité, je ne donne pas cher de notre démocratie post-2012 : quelques faits divers astucieusement communiqués auront bientôt la peau des « assistés », des immigrés, et de toutes autres cibles scrupuleusement désignées. Et les beaux principes républicains Liberté, Egalité, Fraternité ne feront pas long feu quand la grande chasse aux sorcières et autres cancers de la société TM Laurent Wauquiez sera officiellement lancée.

Comme le dit si bien Narvic en commentaires chez Malakine :

Quand certains s’arrogent le discours de la République (=chose publique, =commune) pour prôner un discours de division, c’est que la République est morte et que la guerre civile menace.

Todo está aquí, comme on dit…

Pouvons-nous encore éviter le carnage ? Je pense que oui. Je veux y croire en tout cas. Mais il va sérieusement falloir que les sentinelles de la Démocratie se réveillent et s’activent pour réveiller les moutons. Car, face à l’énergie que peut libérer la haine sociale, les belles idées émergeront-elles à temps ?

Nous avons un plan B : le vote blanc massif permettant de refuser légitimement l’éventuelle autorité d’un prochain monarque dans ce pays. Quelques vagabonds parlent même de révolution, de désobéissance, de dissidence… Un spécialité bien française après tout ! Mais nous avons aussi la possibilité de nous rassembler autour d’un plan A. Il serait temps, même.


Photo flickr PaternitéPartage selon les Conditions Initiales gillesklein ; PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Eduardo Amorim ; PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales FasterDix

32 commentaires

  • Très bon billet ! Merci.

    Je pense que le lien entre la création monétaire et l’open-source et les libertés sur internet est très étroit.

    Malheureusement, beaucoup sont très impliqués en faveur de l’open-source, contre Hadopi ou ACTA, mais ne sont pas du tout sensibilisés à la création monétaire.
    Peut-être parce qu’une grande partie des geeks a été politisée grâce à la loi Hadopi.

    Tes explications sur la complexité et l’État impuissant me font beaucoup penser à Thierry Crouzet.

    En particulier ce billet :

    Ainsi, dans un pays donné, quand on combine le nombre de connectés et la densité des réseaux sociaux, économiques et culturels, on peut estimer un niveau de complexité sociale. À un moment donné, cette complexité franchit le seuil de ce qu’une dictature est capable de gérer. Il suffit alors d’un rien pour qu’elle s’écroule.

    À lire aussi sur son blog :
    http://blog.tcrouzet.com/2011/03/07/le-libre-et-la-liberte/
    http://blog.tcrouzet.com/2011/02/13/la-revolte-mediterranee/

    • Merci ®om

      Oui j’aime beaucoup les idées de Thierry 🙂

      je viens d’ailleurs de retomber sur un autre de ses très bons textes : la démerdocratie

      Et sinon, bien sur que tout ceci est monétaire. 😉

  • Pepito Well

    Très juste!
    Chez les Colibris ils appellent au scc : au Sursaut de Conscience Citoyenne. Evidement que tout est là.
    Toutefois et comme tu le fais remarquer, il reste beaucoup de personnes à se complaire là dedans et qui « ne se rendent pas »/ »ne veulent pas se rendre compte » que la démocratie va mal. Et c’est là que je citerai Frederic Lordon (qu’on aime ou pas, moi j’adore): « le principal problème pour que les gens se rendent compte, est qu’il faut passer du monde des idées, chasse gardée de l’élite à celui de l’affect. »

    Bref sinon Stan je ne t’oublie pas mais j’ai des ptis trucs à gérer qui me prennent pas mal de temps.

    Et un petit billet sur l’appropriation du pouvoir par les banquiers :
    http://www.michaeljournal.org/sign49.htm, à prendre avec des pincettes sur les sources mais pas mal tout de même. Bon le reste de ce site fait un peu peur quand même.

  • Salut Pepito,

    Oui tout est bien dans le réveil, le sursaut, l’indignation diront peut être certains. En sommes nous si loin ?

    On s’en rapproche en tout cas j’ai l’impression. Les tunisiens, les égyptiens, les lybiens, les syriens, et depuis quelques jours même en Espagne… 😉

    PS : il est très bien ce texte. A priori ce site défend le « social credit » (= dividende universel) donc ça peut pas être bien méchant 😉

  • gdm

    Je ne partage aucun avis de cet article, aucune analyse de cet article. L’Etat prend la moitié de la production des habitant d’un pays. Ensuite, l’Etat prétend le redistribuer. En fait, les véritable bénéficiaires d’une subvention ne sont jamais les bénéficiaires qui reçoivent l’argent de l’Etat.

    L’Etat est totalitaire. Il contrôle les trois pouvoirs définis par Montesquieu. Le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif sont contrôlés par les mêmes hommes, par les mêmes structures.

    L’Etat ose soutenir que le fonctionnement actuel serait une démocratie. Un bulletin de vote n’est pas un mandat. Un élu ne représente donc aucun électeur. Un mandat électif est donné à l’élu par l’Etat.

  • @gdm : vous savez, j’ai un sérieux penchant anarchiste, donc on devrait au fond pouvoir s’entendre…

    Mais on n’y arrivera peut être pas. Et vous savez pourquoi ? Parce que vous avez une vision intégriste du libéralisme, tandis que j’admets que la société ne puisse pas être totalement prête à l’application concrète à 100% de mes idéaux libertaires. J’admets en somme l’esprit de la démocratie qui est de trouver un consensus quant bien même celui-ci ne me plait pas totalement. Car j’admets aussi pouvoir me tromper et la liberté de mes adversaire les plus farouches de me le faire savoir est le juste contre-pouvoir qui me donnerait tort s’il le fallait.

    C’est pourquoi j’admets la présence d’un état étant donné l’état actuel de la société en 2011, même je continue de soutenir qu’il faut tendre vers une société sans état.

  • gdm

    @Stan
    En France, le mot « libéral » signifie aujourdhui chaque chose et son contraire. Je préfère le mot « libertarien ». C’est plus précis.

    Hans Herman Hoppe est un économiste libertarien. Il a écrit « Démocratie, le Dieu qui a échoué ». Le principe de démocratie est critiquable. Elle conduit à des pouvoirs politiques de plus en plus totalitaires. http://www.polemia.com/article.php?id=1221

    L’Etat actuel est tenté par une dictature feutrée, tenté par le totalitarisme.

  • « L’Etat actuel est tenté par une dictature feutrée, tenté par le totalitarisme. » 

    Assez d’accord oui ! Mais cela veut-il dire qu’il faille renoncer à la (vraie) Démocratie ?

    *la vraie démocratie étant à mon sens une démocratie décentralisée, participative, et dont le rôle de l’Etat est uniquement de garantir l’égalité des citoyens en droits.

  • gdm

    @Stan
    Il existe deux sortes de libertariens. Les monarchistes et les anarcap. Votre message vous classerait comme un minarchiste, c’est à dire Etat minimal.
    Vous pouvez aller sur http://www.liberaux.org si vous souhaitez approfondir cette conception.

  • gdm

    @Stan
    Non, aucun libertarien ne peut être favorable à une allocation universelle.

  • gdm

    @Stan
    L’anarchiste québecois David Gendron a mis plein d’étiquettes pour désigner diverses tendances d’anarchistes. J’ignore s’il a inventé lui-même toutes ces étiquettes d’anarchistes. Mais il les a classées. Il leur a même indiqué un drapeau différent pour chaque tendance. Là encore j’ignore si c’est lui qui inventé les drapeaux.
    http://anarchopragmatisme.wordpress.com/drapeau/

    Gendron parle aussi des anarcho-communistes.

  • t’as trouvé ton étiquette Stan ? 😉

    • ben écoute :
      – anarcho-pragmatique : pourquoi pas. j’aime bien Proudhon !
      – communiste/syndicaliste : hmm pas trop en fait 🙂
      – anarchocap : euh… nan !
      – « green », pourquoi pas, si servi avec modération (primitif faut pas pousser ! )
      – anarcho-féministe : mouais bof 😀
      – queer anarchist : euh…
      anarcho-pacifiste : ah, oui.

      Je crois que je suis un peu perdu. Snif. 🙂

  • gdm

    @Stan
    Les divers courants anarchistes partagent une même conviction. C’est, amha, la conviction que l’Etat est l’ennemi du peuple.

    • @gdm : pas d’accord !! Dans libertaire il y a avant tout liberté : le libertarianisme est donc – pour moi – la conviction qu’il faut tendre vers un maximum de liberté des individus.

      La lutte contre l’état n’est qu’un moyen pour y parvenir. Pas une fin en soi.

  • gdm

    @Stan
    Je ne suis pas certain du vocabulaire. Le libertarianisme est le fait des libertariens et non pas des libertaires. C’est, amha, certain. Peut-être le « libertarisme » est le fait des libertaires.

  • Pepito Well

    Allez une petite citation parce que je rigole pas mal de voir vos commentaires pour savoir ce qui est le principal, la case dans laquelle on est ou les idées qu’on défend.
    Le petit père Chomsky dit:
    « L’État est une sorte de cage qui enferme les hommes, mais à l’extérieur il y a les multinationales qui sont devenus plus puissantes que certains la plupart des Etats et qui sont, elles, des prédateurs et ne demandent qu’une chose c’est la disparition des barreaux, pour nous croquer. D’où la nécessité de pousser les barreaux pour avoir plus de liberté ».

    Tout ça pour vous dire qu’il faut arrêter de chercher de quelle bord politique nous sommes, la politique n’est pas unidimensionnel, à la rigueur 2D, mais il faut peut être arrêter le débat sur la classification , on se croirait à lire le nouvel obs pour savoir si oui ou non DSK est de Gauche (noté le G majuscule qui peut s’apparenter à un lapsus numérique 😉

    Mais pour mettre ma petite graine:
    Libertaire: rejet de toute autorité (rebelle en somme), égalité, collectivisme, bla bla bla.
    Libertarien: liberté individuel, non agression, bla bla bla.

    Les libertariens sont en somme les descendants du libéralisme Kantien.
    Les libertaires sont plutôt des anarchistes syndicalistes.
    En gros c’est entre ces deux là s’entendent sur la fin de l’État, la liberté.
    Mais ne s’entendent pas sur la propriété des moyens de production… quoique.

    Vous vous amusez bien en tous cas parce que j’ai vu le premier commentaire ce matin vers 8h et à 15h ça a certes progressé mais pas tant que ça 😉

    A plus

  • gdm

    @Pepito Well
    Je ne suis pas entièrement d’accord avec votre citation de Chomsky. Certes, l’Etat est une « cage » puisqu’il restreint les libertés individuelles. Mais je m’interroge sur les mots associés aux « multinationales ». Je lis les mots « puissantes, prédateurs, barreaux, croquer ».

    Une entreprise ne peut que proposer et vendre des produits. Elle n’a aucun « pouvoir » sur ses clients. les clients peuvent changer de fournisseurs. Une entreprise n’entrave jamais et aucunement la liberté de chois de ses clients. Une entreprise n’est donc jamais un « prédateur ». Une entreprise ne « croque » pas. l’entreprise ne met jamais de « barreaux » autour de ses clients. L’entreprise propose un contrat de vente. le client l’accepte ou le refuse. Si le client accepte le contrat de vente, c’est qu’il le juge avantageux pour lui.

  • poilsOdents

    @gdm

    « Elle n’a aucun « pouvoir » sur ses clients. les clients peuvent changer de fournisseurs. Une entreprise n’entrave jamais et aucunement la liberté de chois de ses clients. Une entreprise n’est donc jamais un « prédateur ». Une entreprise ne « croque » pas. l’entreprise ne met jamais de « barreaux » autour de ses clients. L’entreprise propose un contrat de vente. le client l’accepte ou le refuse. Si le client accepte le contrat de vente, c’est qu’il le juge avantageux pour lui. »

    Même l’entreprise qui possède la seule source dans le désert ?

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Clause_lock%C3%A9enne

    Les contres exemples de ce que vous avancez sont légion.

  • toto

    gdm t’es un peu naif non ? Chomsky est surpuissant (sinon pepito oui les cacases on s’en fout)

  • gdm

    @poilsOdents
    Vous m’objectez une entreprise qui posséderait la « seule » source dans un « désert ». Si c’est un désert, il n’existe pas d’autre humains qui y vivent. La question ne se pose donc pas par les autres. S’il existe d’autres humains qui y vivent, ils ont convenu de certaines règles de vie communes qui obligent le propriétaire de la source.

    D’autre part, chacun peut investir pour forer le sol afin de découvrir une autre source, un autre puits pour obtenir de l’eau. Le propriétaire d’une source d’eau peut légitimement disposer d’un droit exclusif sur sa propriété. Du moins dans la mesure où l’existence d’un tel droit de propriété est possible.

    Le concept du droit de propriété s’adapte souvent mal aux terrains. Un droit de propriété sur un terrain est un panier de droits complexe sur ce terrain. La question de l’existence d’un droit de propriété sur un terrain dépend des circonstances, dépend de l’époque, dépend de l’environnement humain.

    L’exemple de la source unique, de son propriétaire, vivant à proximité d’autres individus, illustre la difficulté de définir un droit de propriété sur le sol. Ce qui est en cause n’est pas le droit de posséder une source, mais de savoir si un tel droit de propriété peut exister en ce lieu et dans les circonstances précises de l’environnement humain. Les obligations du « propriétaire » de la source, si elle est unique, feront nécessairement l’objet d’une négociation avec les voisins.

    Ainsi, si un forage d’eau permet d’avoir un autre puits, un droit de propriété exclusif de la source est possible. Même s’il n’existe aucun autre puits dans l’immédiat.

    La plupart des biens peuvent faire l’objet d’un droit de propriété. Mais des raisons techniques rendent parfois difficile, voire impossible, l’existence d’un tel droit de propriété exclusif sur un terrain. Une gestion commune, syndicale entre voisins, peut apporter une solution pratique.

    La question de la liberté de vente et de prix de l’entreprise est différente de la question de l’inexistence de droit de propriété sur certains biens, tels l’atmosphère, tel la surface d’un grand pays, tel un fleuve, tels les océans.

  • Merci pour ce très bon billet. Nous sommes effectivement dans une période cruciale où les abus qui sont commis par les politiques, les capitalistes et autres « vrais »profiteurs (et certainement pas le chômeur longue durée avec ce qu’on lui donne pour survivre) ont des conséquences qui nous touchent directement et pas seulement le tiers-monde, l’environnement, et quelques minorités qui se taisent de toute facon…
    Le plan A comme tu dis, c’est le plan responsable, celui où nous agissons pour notre futur. Le plan B, c’est le plan râleur, le plan « Francais », celui qui casse plutôt que construit, celui qui appartient au passé, définitivement. Mais dans le passé vivent encore un grand nombre de personnes, et le salut de la démocratie passe par la jeunesse et ceux qui ont encore cette flamme de renouveau en eux. Une jeunesse pour avancer ces nouvelles idées qui promettent et assureront un monde meilleur, mais surtout pour que cela puisse fonctionner, pour entrer en contact avec les générations plus anciennes et combler ainsi le fossé social et intellectuel qui nous sépare. Entrer en contact, communiquer, échanger, montrer sa réalité et écouter celle de l’autre. Les Francais ont un besoin énorme de sortir de la logique du râleur, du critique car cette dernière ne fait que séparer les personnes, elle travaille pour l’isolement de tous. Elle conduit à la haine de l’autre et à la guerre.
    Il est temps de nous réconcilier avec nos frères…

  • gdm

    @sebadsl
    Vous dites « Une jeunesse pour avancer ces nouvelles idées qui promettent et assureront un monde meilleur ». Les mauvaises idées sont mille fois plus nombreuses que les bonnes. Le plus urgent n’est pas l’action mais la réflexion et l’étude.

  • @gdm
    Comment savoir si une idée est bonne ou mauvaise? La seule chose que je sais, c’est que si je ne fais pas de choix, je n’évolue pas, je stagne, je dépéris. La réflexion et l’étude sont bien sûr des éléments essentiels dans le processus du choix, bien sûr!. Ce que je sous-entends, c’est que la jeunesse (inclus ceux qui sont encore jeunes dans leur âme et esprit, j’y tiens) sont ceux qui font évoluer la société parce qu’ils proposent des idées nouvelles et s’investissent dans leur réalisation. Je trouve que c’est d’autant plus indispensable aujourd’hui, du fait que les générations « stagnantes » se complaisent d’un système injuste, parce qu’ils en profitent plus qu’ils ne la subissent, à tel point que la jeunesse est activement dénigrée, maltraitée, isolée depuis des années. Il est temps de remettre chacun à sa place avec ses « bonnes » ET ses « mauvaises » idées 🙂 !

  • gdm

    @sebdsl
    Si une idée continent une seule incohérence, elle est entièrement fausse. Elle est alors « mauvaise ».

    La méthode scientifique consiste à maintenir son esprit dans le doute méthodologique. C’est à dire s’efforcer de douter quand bien même on serait convaincu d’avoir raison. Ce doute méthodologique est ascèse, un exercice mental qui exige une effort intellectuel permanent. La plupart y renoncent. Un risque systématique peut entrainer un risque de dépérissement de l’âme. L’être humain a besoin de croire, besoin de certitudes.

    Il est mille fois plus facile de croire, de se persuader d’avoir raison. C’est plus confortable. Et cela donne plus de satisfactions. L’esprit humain est ainsi fait qu’il finit par se persuader de ses convictions les moins bien fondées. Plus ses propres convictions sont anciennes, plus elles deviennent partie intégrante de la personnalité. Qu’elles soient vraies ou fausses. Une personnalité d’une exceptionnelle qualité accepte de reconnaitre qu’elle s’était fourvoyée. Mais c’est très rare.

    Le débat des idées existe depuis des siècles. Une idée peut sembler nouvelle à un jeune, alors qu’elle est réfutée, fausse et abandonnée. Tenter de la réaliser est, au mieux, du temps perdu. Confronter ses idées sans les réaliser est du temps gagné, du temps qui construit la pensée. C’est réduire le champ de ses erreurs. C’est augmenter le champ de sa pensée juste.

    Vous parlez de « générations stagnantes ». Je ne partage pas cette manière de juger collectivement, et encore moins, juger une « génération ». Certains aiment réfléchir aux idées sociales et politiques. D’autres préfèrent lire des romans ou jardiner. Et ils ont bien raison puisque c’est ce qu’ils preférent.

    Vous dites que « la jeunesse est activement dénigrée, maltraitée, isolée depuis des années ». je ne vois rien de tel. D’où vous vient ce jugement pessimiste?

  • @gdm
    « Si une idée continent une seule incohérence, elle est entièrement fausse. Elle est alors « mauvaise ». »

    -> Comment savoir s’il y a une incohérence? Notre contexte ici, c’est le futur. Comment savoir? Comment reconnaître une bonne idée ?

    Le débat des idées existe depuis des siècles. Une idée peut sembler nouvelle à un jeune, alors qu’elle est réfutée, fausse et abandonnée. Tenter de la réaliser est, au mieux, du temps perdu. Confronter ses idées sans les réaliser est du temps gagné, du temps qui construit la pensée. C’est réduire le champ de ses erreurs. C’est augmenter le champ de sa pensée juste.

    -> c’est pour cela que la communication entre les générations est nécessaire: la réflexion et l’étude. C’est exactement où je veux en venir. Je trouve simplement que cette communication n’a pas lieu.

    Vous parlez de « générations stagnantes ». Je ne partage pas cette manière de juger collectivement, et encore moins, juger une « génération ». Certains aiment réfléchir aux idées sociales et politiques. D’autres préfèrent lire des romans ou jardiner. Et ils ont bien raison puisque c’est ce qu’ils preférent.

    -> je pointe ici les personnes qui ont arrêté de réfléchir, de remettre en question et de se remettre en question, qui ne font plus cet « effort intellectuel permanent » que tu mentionnes très justement. Je retire volontiers le mot « génération ».
    Chaque personne agit « politiquement » chaque jour de sa vie. Chaque décision qu’il prend est « politique » autant lorsqu’il vote que lorsqu’il consomme. Ne pas réfléchir, c’est donner raison à cette stagnation, c’est agir clairement CONTRE toute idée.

    Vous dites que « la jeunesse est activement dénigrée, maltraitée, isolée depuis des années ». je ne vois rien de tel. D’où vous vient ce jugement pessimiste?

    -> C’est ma perception de la réalité. C’est ce que je ressens en lisant la presse (surtout ces derniers jours), c’est ce que je ressens en marchant dans la rue. C’est ce que je ressens en parlant à des jeunes et à des moins jeunes. Tu ne vois sincèrement rien du tout, du tout?

  • gdm

    @sebdsl
    La science économique est un raisonnement sur des concepts. Pour raisonner juste, les concepts doivent être clairement définis. Tout raisonnement de science économique doit être fondé sur la stricte logique. La science économique n’est pas une science expérimentale. En science économique, une idée juste est une idée sans aucune contradiction. Un concept n’est pas temporel. Vous dites « le contexte est le futur ». Le concept est vrai indépendamment du contexte.

    Chaque théorie économique suit un fil conducteur qui lui donne l’ambition d’embrasser tous les domaines de la société. La théorie libertarienne a elle-aussi, un fils conducteur explicatif de toute la société, de toute l’économie. Un libertarien soutiendra que son raisonnement est juste et logique. Un socialiste soutiendra peut-être que son raisonnement serait juste et logique. Et un marxiste aussi.

    Le fil conducteur des libertariens est principalement, le principe du respect du droit de propriété, et le principe du respect du contrat. Et le principe de non-agression.

    Votre témoignage sur la jeunesse « dénigrée » me surprend. Je ne vois aucun signe particulier que les « jeunes » seraient différents des autres citoyens.

  • @gdm
    Je voudrais rester dans le contexte de ton commentaire sans dériver :

    « Vous dites « Une jeunesse pour avancer ces nouvelles idées qui promettent et assureront un monde meilleur ». Les mauvaises idées sont mille fois plus nombreuses que les bonnes. Le plus urgent n’est pas l’action mais la réflexion et l’étude. »

    Où veux-tu en venir avec ton dernier commentaire ? Je ne vois pas le rapport avec tout ce qui a été dit entre nous auparavant (dans ce blog).

    Pour ce qui est de mon témoignage sur la jeunesse, ok, cela te surprend, tu ne vois rien de tel. Pas de problème 🙂

  • gdm

    @sabdsl
    J’ignore d’où proviennent les convictions de chacun sur les problèmes sociaux. Les raisonnements que je lis sont invariablement erronés par manque de précision sur les définitions des mots utilisés.

    Depuis des siècles, les philosophes connaissent cette formation des erreurs de la pensée par un vocabulaire ambigu. On demandait à Lao tseu un conseil car le pays entrait en guerre « commencez par écrire un dictionnaire avec votre adversaire ». C’est un vocabulaire approximatif qui est la cause première de presque toutes les erreurs intellectuelles et de presque tous les litiges.

    Chaque cerveau humain dispose d’une immense logique, bien supérieure à la complexité des problèmes à résoudre. Chacun est mille fois plus intelligent que nécessaire pour la compréhension de chaque problème social et économique. Mais chacun se laisse piéger sans avoir conscience qu’il se trompe de vocabulaire.