Le dividende universel face aux théories monétaires ‘hétérodoxes’

Quelle est le positionnement du dividende universel et de la Théorie relative de la monnaie par rapport aux autres courants de pensées économiques ? Comme nous allons le voir, le dividende universel emprunte à d’autres courants certaines thèses, postulats, mais en rejette d’autres pour en faire un synthèse réellement hétérodoxe… mais non dénué de racines idéologiques.

Le 31 décembre dernier, The Economist consacrait un riche papier sur les « révolutionnaires marginaux  » ou les nouveaux courants de pensée monétaire qui ont émergé dans le débat économique grâce aux blogs et à internet en général. The Economist fait référence à trois théories monétaires ayant un écho auprès des économistes plus « mainstream » : les néo-chartalistes, les autrichiens, ainsi que les « monétaristes de marché » [ « market monetarists » en anglais dans le texte]. J’aimerais profiter de cette belle synthèse pour essayer de positionner la Théorie Relative de la Monnaie (TRM) dans ce débat. Nous verrons ainsi en quoi la TRM se nourrit de ces autres approches pour en faire la synthèse.

Précisons néanmoins d’emblée que tout ce qui sera dit dans cet article ne reflète que mon interprétation propre de toutes les théories monétaires su-citées (dividende universel compris). Je peux me tromper…

Une théorie « moderne » : plus de relance budgétaire !

Tout d’abord, The Economist évoque les néo-chartalistes, dont la théorie, modestement nommée « Modern Monetary Theory  » en anglais – ou MMT pour les aficionados – stipule :

puisque la monnaie-papier est une créature de l’État, les gouvernements ont en fait davantage de liberté financière qu’ils ne le croient. Les autorités fiscales sont donc libres de dépenser autant que nécessaire pour réanimer l’économie et restaurer le plein-emploi. Les gouvernement peuvent dépenser en premier lieu sans collecter auparavant de taxes, ils peuvent empruntent sans avoir peur de faire faillite. En fait, les responsables du budget n’ont pas à trembler face aux marchés.

Ce n’est pas un mystère si la MMT a émergé aux États-Unis : cette théorie se place en effet dans le paradigme monétaire américains où la Federal Reserve ne se gène pas pour faire gonfler à volonté son bilan en rachetant la dette américaine sur les marchés secondaires de manière à soutenir les banques. Se faisant, elle facilite en effet le financement du Trésor américain, ce qui explique qu’en dépit de quelques petits problèmes politiques, les États-Unis (de même que l’Angleterre ou le Japon) n’ont pas vraiment de « crise de la dette souveraine » à l’image des péripéties actuelles que connait la zone euro.

Finalement, on peut donc résumer la MMT en disant que « les dépenses de l’État créent la monnaie ». Non pas nécessairement parce que l’État dispose de la planche à billet, mais tout simplement car, quoi que le gouvernement fasse, la banque centrale sera obligé de suivre pour éviter l’effondrement financier.

Tel que je comprends cette théorie, j’y vois un simple raisonnement très pragmatique (du nom d’ailleurs d’un site qui défend la MMT : Pragmatic Capitalism) : un État souverain contrôle sa monnaie et n’a pas à se soumettre à la volonté des marchés d’autant que son existence émane de celle des citoyens. L’idée qu’un État puisse faire faillite est donc insensée. De même, la monnaie est un instrument comptable, sa rareté est donc absurde dans l’absolu.

La TRM, elle aussi, rejette cette idée trop ancrée dans les esprits selon laquelle la monnaie devrait être rare. En tant qu’outil d’échange, d’unité comptable, de protocole d’échange, rien ne définit la monnaie comme quelque chose de rare, limité. Cette rareté, que l’on trouve notamment dans l’étalon or, a été aboli depuis belle lurette, mais continue à hanter les esprits.

De plus, dans le cadre d’une démocratie saine, il n’y a à priori pas d’objection à ce que l’on empêche à un État de dépenser de l’argent qu’il n’a pas, quitte à avoir recours, directement ou indirectement à la planche à billets. A condition bien sûr que cela se fasse dans l’intérêt général c’est à dire le respect des libertés fondamentales.

De plus, il faut bien comprendre que dans la vision de la MMT, le seul moyen de détruire la monnaie est de taxer davantage. Par un tel resserrement fiscal, la monnaie est prélevée du circuit de l’économie réelle et permet de rembourser la dette, et ainsi réduire le bilan de la banque centrale. Autrement dit, la monnaie est vue comme un flux. Ce qui est en phase avec la vision de la TRM de Stéphane Laborde, qu’il développe par exemple dans l’article « Le Flux, l’Homme, la monnaie » :

L’économie croît, la masse monétaire croît. Nous sommes devant un flux de croissance, consistant en une augmentation globale par ajout et améliorations successives du flux humain qui se transmet de proche en proche par l’éducation, les savoir-faire, les propriétés, mais aussi et surtout, ajoute à chaque étape sa part de créativité et d’inventivité, d’autant plus incommensurable qu’elle s’appuie à chaque instant sur ce qui a déjà été créé et inventé.

De là à dire que les néo-chartalistes sont copains avec les « relativistes »… relativisons :).

Dans le contexte actuel de croissance faible et de chômage de masse, les néo-chartalistes sont ceux qui vous disent que l’État doit « stimuler davantage l’économie ». Pour cela, ils encouragent les gouvernements à prendre toute une série de mesure (investissements, grands travaux, hausse du pouvoir d’achat etc.) qui constituent en fait une vision très dirigiste de l’économie qu’un partisan du dividende universel rejettera en général. En effet, la TRM, fondée sur un principe de relativité de toute valeur, refuse en bloc l’idée que certaines valeurs seraient universelles et absolues. Dit plus simplement, l’État n’a pas à favoriser tel ou tel secteur d’activité, car ce serait imposer aux autres un jugement qui n’est que subjectif. Cela reviendrait à favoriser certains citoyens au détriment du principe d’Égalité de ces derniers.

C’est pourquoi la TRM dicte qu’il est préférable de verser toute création monétaire via un revenu de base, de manière à ne privilégier quiconque… si ce n’est tout le monde.

Le monétarisme version 1.1 : le NGDP targeting

Pur produit de la blogosphère, la théorie des market monetarists consiste à fixer aux banques centrales l’objectif non pas de maintenir l’inflation en dessous de 2%, mais à lui fixer un objectif de croissance nominale (hors inflation) de 5% par exemple. C’est pourquoi on se réfère aussi à cette théorie sous le nom de « NGDP targeting« .

Quel serait l’avantage d’un tel virage dans la politique monétaire des banques centrales ? The Economist résume :

Si les gens s’attendent à ce que la banque centrale ramène les dépenses vers le chemin d’une croissance de 5%, leur croyance les aidera à y parvenir. Les entreprises vont embaucher, confiantes dans le fait que leurs revenus vont augmenter, que les gens vont ouvrir leur portefeuille. Ceux qui conservent leur cash au chaud vont dépenser car ils savent que la croissance va revenir ou que l’inflation va augmenter à l’avenir.

Autre argument pour le NGDP targeting, l’obsession des banques centrales pour l’inflation est nuisible. Pour certains défenseurs de cette théorie, ce type de politique monétaire s’apparente à une tyrannie. En effet, la plupart des banques centrales, limitées dans leur mandat, restreindront leur politique monétaire dès lors que l’inflation pointe le bout de son nez, quant bien même ce resserrement monétaire plongerait l’économie dans la récession. Or, les market monetarists arguent qu’une inflation de 5% accompagnée d’une croissance nominale de 5% est préférable qu’une inflation de 3% accompagnée d’une récession de 2%.

Scott Sumner, auteur du blog The Money Illusion et grand manitou du NGDP targeting explique dans un document de synthèse (pdf) :

Contrairement aux idées reçues, l’inflation non-anticipée n’est pas injuste pour les prêteurs, tant que la croissance nominale du PIB est ciblée. Si l’inflation devait augmentait rapidement dans une période où la croissance du PIB est stable, cela signifierait simplement qu’un choc économique a déprimé l’économie. La politique monétaire ne peut pas empêcher une perte de production liée à un effondrement du marché du logement ; tout ce qu’elle peut faire, c’est empêcher que ce choc ne se propage inutilement dans d’autres secteurs stables de l’économie.

Les market monetarists ne seraient-ils que des héritiers des théories keynésiennes, appliquées spécifiquement aux politiques monétaires ? C’est plus subtil que cela, comme l’explique le blogueur danois Lars Christensen dans un intéressant post :

Quand des market monetarists tels que Scott Sumner appellent à un « stimulus monétaire », cela ne signifie PAS qu’ils veulent augmenter la croissance réelle par des mesures artificielles de relance de l’économie. Nous, les market monetaristsn ne pensons pas que cela soit possible, nous pensons simplement que les autorités monétaires peuvent éviter de créer un déséquilibre monétaire par un objectif de croissance du PIB nominal, grâce auquel l’oscillation de la vélocité des échanges monétaires est contrecarrée par une adaptation de l’offre de monnaie.

En fait, les tenants du monétarisme de marché veulent normaliser le concept de neutralité de la monnaie selon lequel la monnaie ne doit pas affecter la production, le revenu réel et l’investissement. Ce concept, érigé par les néo-classiques en hypothèse de départ, n’est pas une réalité selon les market monetarists, et il faut donc créer des normes pour que cela le devienne. Christensen explique :

la monnaie n’est pas neutre sur le court terme en raison de la rigidité des prix et des salaires, et par conséquent les déséquilibres monétaires qui s’en suivent peuvent alors créer des cycles économiques interprétés comme une surabondance générale d’offre de main d’œuvre. les market monetarists ne disent pas que les autorités monétaires doivent intervenir pour stabiliser la croissance réelle de l’économie, mais plutôt que les autorités monétaires doivent éviter de créer un déséquilibre monétaire.

On comprend bien l’obsession des market monetarists pour les cycles économiques, que les tenants de la TRM dénoncent eux aussi comme injustes, et pensent qu’une dose d’injection permanente de monnaie dans le circuit permettrait de stabiliser l’économie et la confiance. Pour les markets monetarists, une adaptation de la politique monétaire permettrait au moins d’atténuer ces cycles.

Mais bien que soit-disant hétérodoxe, les market monetarists ne font que prôner un interventionnisme plus fort des banques centrales sans vraiment changer de paradigme. En effet, cet activisme de la banque centrale se contenterait  des méthodes traditionnelles (baisse des taux, quantitative easing…), qui se fondent sur une certaine idée de la manière dont le système monétaire et bancaire doivent fonctionner.

Les market monetarist veulent lutter contre l’asymétrie temporelle de la création monétaire, mais ne s’intéressent pas au problème de l’asymétrie spatiale que ce système engendre. Concrètement, ils ne voient pas le problème que pose le système bancaire dit de « réserves fractionnaires », qu’ils considèrent simplement comme un phénomène naturel de libre marché.

Au contraire, la TRM rejette ce système car il est lui aussi coupable des crises systémiques et cycliques du système économique, et surtout, est à l’origine d’une hiérarchisation pyramidale de la société dans laquelle ceux qui ont le pouvoir de créer la monnaie favorisent irrémédiablement ceux qui ont déjà des richesses (en prêtant à moindre cout), au détriment des autres. Ce système accélère les inégalités, car il génère une trop grande concentration de monnaie dans certains secteurs économique, tandis que d’autres sont en situation de pénurie.

Pour faire face à ce problème, la TRM préconise un système dit de « réserves pleines » ou « 100% monnaie » avec cette nuance près que la monnaie créée, plutôt que d’être confiée au gouvernement, est distribuée sous forme de dividende universel. Dans un tel système, l’économie est financée, à l’instar du prêt en P2P, par des prêts non monétisés (à la différence du crédit bancaire, il n’y a plus de création monétaire) ou bien par du financement en capital. De cette manière, ce sont les citoyens qui effectuent librement des arbitrages quant à la destination de leur épargne dans l’économie, plutôt que des organisations bancaires sans aucune responsabilité sociale, ou si peu. Les banques se contenteraient alors de gérer les moyens de paiement et d’offrir les infrastructures-plateformes permettant aux individus de financer l’économie selon leurs propre libre-arbitre.

Les Autrichiens et la peur bleue de la planche à billet

On parle des « autrichiens » en référence à l’École d’Économie de Vienne, un courant de pensée économique qui pose comme point de départ méthodologique l’individu. C’est donc un courant libertarien, qui prône la maximisation de la liberté des individus, et se méfie comme la peste de l’État, qui est forcément prédateur et inefficace.

Du point de vue monétaire, les Autrichiens se méfient également de l’intervention des banques centrales. Comme l’explique The Economist :

Les Autrichiens pensent qu’une partie du ralentissement économique est nécessaire, car elle n’est qu’une inévitable conséquence des excès du passé. Pour eux, la Réserve Fédérale ne peut pas sauver l’économie. Au contraire, ils cherchent à préserver l’économie de l’intervention de la Fed.

Les autrichiens sont en effet obsédés par le malinvestment, c’est à dire le gaspillage économique lié à une mauvaise allocation des richesses. Et pour eux, les mauvais investissements ont souvent pour cause l’intervention des banques centrales, lorsqu’elles facilitent l’augmentation de l’offre de crédit par la baisse des taux. Dans un contexte de crédit peu cher, de nombreux projets voient le jour alors que cela n’aurait pas du être le cas dans un contexte normal, faute de financement.

C’est pourquoi de nombreux économistes Autrichiens dénonçaient déjà avant l’éclatement de la bulle immobilière les excès des banques centrales qui, réduisant leurs taux pour relancer l’économie, on favorisé le gonflement de la bulle immobilière.

En fait, les autrichiens ont une peur bleue de la création monétaire, car pour eux, c’est la création de richesse par les individus qui crée une demande de monnaie, et non l’inverse.

Selon eux, dans un contexte où les banques sont en concurrence et où leur responsabilité n’est pas floutée par le ressort d’une banque centrale ou d’un État, l’allocation du crédit se fait de manière optimale et vient financer proprement l’économie. Pour ce faire, ils prônent le retour à l’étalon-or afin de limiter le pouvoir des banques centrales et des États d’imprimer de la monnaie, et/ou un système de free-banking qui se passe purement et simplement de l’intervention d’une banque centrale au profit d’un système banco-monétaire totalement privé, et soumis à la concurrence, responsabilisant ainsi les agents.

Quant au système de l’argent-dette, les autrichiens sont divisés sur le sujet, certains économistes comme Milton Friedman en faisant la critique, tandis que d’autres le justifient. L’essentiel étant pour eux de dénationaliser la monnaie pour que les banques soient réellement indépendantes des Etats, et ainsi être en concurrence les unes des autres et donc théoriquement plus responsables quant à la manière dont elles gèrent l’émission de crédit.

Comment se site la Théorie relative de la Monnaie par rapport aux Autrichiens ? A de nombreux égards, elle les rejoint. Tout d’abord car, à l’image des Autrichiens, les partisans de la TRM dénoncent l’expansion malsaine de l’octroi de crédit depuis plusieurs décennies. D’autre part car la TRM se base également sur une approche méthodologique dite « individualiste ». Ce principe est en effet inscrit dans le principe même de relativité, selon lequel « Toute valeur est relative, tout citoyen est libre d’estimer ce qui est valeur ou pas« .

De plus, la TRM pose pour principe de base que la monnaie doit respecter au moins trois libertés fondamentales de l’individu : l’accès aux ressources, la production, et l’échange avec autrui. Nous sommes donc ici aussi dans une approche libérale.

Partant de ces préceptes, les partisans de la TRM se méfient grandement de l’intervention actuelle des banques centrales, qui, en essayant de ressusciter l’économie, ne font que favoriser un poignée de citoyens : ceux qui détiennent des actifs financiers que la Banque centrale veut bien racheter ou échanger contre des liquidités selon un schéma typiquement pyramidal. C’est pourquoi comme les autrichiens, les « relativistes » prônent une libéralisation de la monnaie, afin de permettre l’émergence de monnaies libres.

Malgré ces points communs, le fossé se creuse entre les Autrichiens et les relativistes sur la nature même de la monnaie.

Pour les Autrichiens, la monnaie est une marchandise comme les autres, mais qui a trois fonctions :

  • unité de compte : pour cela, la marchandise retenue doit donc être facile à diviser
  • intermédiaire des échanges : la marchandise choisie doit donc être facilement échangeable
  • réserve de valeur : la marchandise doit conserver sa valeur avec le temps

Au regard de ces trois critères, l’or est souvent considéré comme une bonne monnaie par les Autrichiens, au moins comme étalon. La monnaie n’est alors qu’une promesse de vous livrer une quantité d’or. Un bout de papier, mais qui donne droit à un bien physique dont la valeur est théoriquement « certaine ».

Mais dans la TRM, la monnaie n’est pas définie comme un bien, mais tout simplement comme un protocole d’échange :

La monnaie est un outil de compte et d’échange commun à tous les citoyens de la même zone économique (par extension on pourra dire « universel », en ayant conscience qu’il s’agit d’un « universel » au sein de la zone monétaire considérée)

Dès lors, la TRM s’affranchit de la notion de « réserve de valeur » à laquelle sont tant attachés les libertariens. En fait, aux trois critères d’une « bonne monnaie », on peut y opposer les trois axiomes posés par la TRM :

  • Tout Citoyen est libre d’accéder aux ressources
  • Tout Citoyen est libre de créer et produire toute sorte de valeur
  • Tout Citoyen est libre d’échanger sa production avec autrui

Bien sûr, une monnaie dont la valeur est stable est préférable, mais pour les relativistes, promettre la stabilité d’une monnaie est au mieux une illusion, au pire une grave erreur (voire un mensonge). Ou les trois à la fois 🙂 …

La valeur d’une monnaie ne se décrète pas, mais dépend uniquement du pouvoir d’achat de cette monnaie, c’est à dire du niveau de production des utilisateurs de cette monnaie. Dès lors, toute volonté de garantir à la monnaie une certaine valeur ne peut être qu’un artifice qui ne peut tenir longtemps : seule l’activité des individus libres peut permettre une création potentiellement optimale de richesse, et donc garantir une certaine stabilité à la monnaie .

De plus, dans la philosophie de la TRM, l’idée d’un étalon-or est absurde, puisqu’elle consiste à considérer l’or comme ayant une valeur absolue, alors que la TRM se fonde au contraire sur le principe inverse de relativité. En effet, en choisissant une monnaie backée sur l’or, on favorise non seulement ceux qui en ont accumulé jusqu’à aujourd’hui, mais aussi ceux qui contrôlent le marché de l’or (les producteurs d’or pas exemple). Ainsi, ceux qui ont le contrôle de la chaine de production de métal jaune auront un pouvoir trop important dans la société, et la variation de la masse monétaire en sera d’autant contrôlée unilatéralement.

Sous prétexte que la création monétaire ne crée aucune richesse, les Autrichiens ont développé une allergie dogmatique à tout recours à la « planche à billet ». Les relativistes ont un point de vue plus nuancé. Certes, imprimer de la monnaie et la distribuer aux citoyens ne va pas créer de richesse en soi, on est bien d’accord. C’est seulement la manière dont les individus vont utiliser leur dividende universel qui va potentiellement être créateur de valeur ou non (mais, encore une fois, rien ne saurait le garantir – sauf peut être une dictature, et encore).

En revanche, le postulat de la TRM, c’est qu’il existe déjà des montagnes de richesses qui sont créées sans « monétisation » : ce sont les richesses non-marchandes. Or, dans le système monétaire actuel, ces richesses là ne sont pas reconnues. Pire, elles dépendent de la monétisation d’activités marchandes. Le salarié d’une association non-caricative est tributaire des agents économiques qui vont financer l’association, que ce soit l’État par des subventions, ou des individus philanthropes. De fait, comme l’explique Inso :

L’activité humaine est enchaînée à l’activité marchande. L’homme ne peut rien produire, rien échanger, rien créer, sans qu’une activité marchande n’ait eu lieu précédemment dans la chaîne

Pour les partisans de la TRM, cette dépendance n’est pas légitime, et ne permet pas aux individus d’exercer leur pleine Liberté. D’autant que la dépendance à la monnaie n’est que superficielle. La monnaie n’étant rien d’autre qu’un protocole, nous pouvons parfaitement en décider autrement.

Une économie libérale ne peut fonctionner que si l’égalité des citoyens en droit est parfaitement respectée. Les partisans du dividende universel étendent précisément le champs de la liberté à la monnaie en revendiquant que l’accès à l’outil monétaire est un droit fondamental, et que de sorte, une évolution hasardeuse et/ou arbitraire de la masse monétaire est néfaste car, au gré des cycles économiques, elle privilégie les uns au détriment des autres. Elle écrase les nouveaux entrants au profit des plus âgés, ou inversement.

Le dividende universel répond à ce problème « simplement » en  injectant en permanence de la monnaie dans le circuit, de manière à éviter une accaparement de la masse monétaire par une poignée d’acteurs.

Calculé en fonction de l’espérance de vie, le dividende universel respecte ainsi une parfaite équité entre tous les participants de tout endroit et de toute génération. Partant du constat que toute valeur est relative, le dividende universel pose comme seule valeur universelle celle de la valeur temps, et par voie de conséquence, crédite tout le monde d’un crédit inconditionnel, seule condition d’une vraie Liberté non-nuisante.

La TRM, une théorie fantaisiste ?

La Théorie Relative de la Monnaie renverse de nombreux présupposés économiques, mais ne provient pas pour autant de nulle part ! Loin d’être une théorie « fantaisiste » comme se plaisent à dire certains, elle se nourrit de théories économiques plus classiques, comme par exemple celles d’une partie de l’École de pensée autrichienne. Mais il s’agit également d’une théorie pragmatique et progressiste, comme nous le voyons en observant ses similarités avec la MMT et le NGDP targeting. La TRM converge avec les market monetarists dans leur lutte contre les cycles monétaires, elle rejoint les tenants de la MMT dans leur pragmatisme.

Sans oublier que la TRM trouve également des affinités avec des propositions plus hétérodoxes encore que celles mentionnées par The Economist telles que le 100% monnaie, défendu en France par André-Jacques Holbecq en France ou Positive Money en Angleterre pour n’en citer que quelques uns, ou encore cette proposition de Steve Waldman.

Enfin, loin d’être une théorie totalement hérétique et inapplicable (contrairement notamment au free-banking) la TRM comporte deux leviers d’actions possibles (et complémentaires) qui en font une solution possible sur le court-terme :

  • la politique fiscale et sociale : avec l’instauration d’un revenu de base financé par l’impôt ;
  • la politique monétaire et les règlementations bancaires ; qui viserait à diminuer les effets de leviers des banques afin de tendre vers des réserves pleines ; et de reverser démocratiquement la création monétaire des banques centrales dans l’économie (c’est à dire au mieux aux citoyens sinon aux gouvernements à condition que ceux ci la reversent aux citoyens via un revenu de base) ;

Mais pour ceux qui sont toujours effrayés par la TRM, soyez néanmoins rassurés, cette théorie est toujours ignorée de The Economist, ainsi que dans sondages du Financial Times… Il y a encore du chemin à faire ! 😉


Illustration © The Economist ; PaternitéPas d'utilisation commerciale hto2008

34 commentaires

  • Ce post reprend parfaitement l’essentiel des points fondamentaux du paradigme de la TRM.

  • Pingback: Dividende universel monétaire | Pearltrees

  • Wow. Analyse, synthèse, questions, réponses, ouverture…
    Un article magistral. Merci Stanislas Jourdan.

  • (dans la catégorie des théories ignorées) je veux attirer l’attention sur le principe du commerce, qui consiste à opérer le troc, qui est inepte, car la valeur d’un objet devrait se mesurer en tenant compte de ce qu’il coûte bien après l’opération d’échange. Rendre les gens propriétaires de leurs déchets décharge l’entreprise d’une responsabilité qui devrait être la sienne, par exemple. Ou encore produire de la gratuité n’intéresse personne à part que l’information, la culture, la science, la santé et l’éducation ne peuvent qu’être gratuits. C’est pourquoi il faut abolir le principe du commerce et placer une transaction au sein d’un réseau global, en tentant d’estimer l’utilité de l’existant, et d’autre part, d’estimer les Droits de chacun.

    Les Droits doivent prévaloir sur les moyens, et pour ce faire, il faut centraliser une énorme quantité d’événements habituellement confiés aux individus, comme les prix, les salaires, les financements. Il faut que tout soit cohérent, conventionnel, sans but lucratif (pour mieux estimer la valeur des choses) et que les salaires dépendent de l’utilité, pour faire vivre ce qui doit vivre, et pour faire stopper ce qui doit être stoppé sans provoquer de lésion, c’est à dire pour avoir un minimum de contrôle.

    Si on pense en terme de besoins au lieu de commerce, ça réoriente l’énergie humaine vers ce qui est utile et efficace. ça permet de rendre possible la robotisation à outrance, la gratuité, la recherche d’efficacité, non pas dans le but de faire du profit mais dans le but de gagner en rendement, à une échelle plus grande que celle des deux protagonistes d’un troc isolé, sur lequel personne n’a son mot à dire, alors pourtant que souvent ils peuvent être concernés, comme quand on pollue.

    Le profitable à grande échelle ne rime pas du tout avec le profitable à micro-échelle ; souvent, vendre c’est en fait acheter, l’activité principale des commerçants est d’acheter de l’argent. Pour que les deux soient conciliables, il faut un régissement global, il faut abolir le commerce.

    Si les moyens que je propose ne sont (peut-être) pas les bons il n’en reste pas moins que les problèmes soulevés sont réels, c’est pourquoi aucune théorie de la monnaie ne me convient, tant que ces problèmes ne sont pas spécifiquement résolus.

    mais à part ça c’est un bon boulot ! je publie !

  • @8119

    Mmh… Sur quel critère on décide de l’utilité d’une chose ? Quelle instance arbitraire pour en poser la valeur « utilité » sur un produit ?

  • @Inso
    on s’en moque, ce qui compte est de résoudre les questions soulevées, vous avez la possibilité de trouver d’autres moyens que ceux qui consiste à estimer l’utilité de Coca-Cola ou l’utilité d’un pont ou l’utilité de la musique.
    J’imagine sans problème des algorithmes, en gros, c’est de la multivalence, qui fait intervenir de nombreuses sortes d’échelles d’estimation et les assemble, puis ensuite on observe le résultat et on le juge et on rectifie les algorithmes par tâtonnement jusqu’à obtenir un résultat qui produise l’effet de justice. La technique, c’est facile.

  • @8119 Je cite

    J’imagine sans problème des algorithmes

    En plein dans la marre de la perspective numérique !

    Cela revient à laisser Google faire les choix.

    C’est inacceptable devant les libertés et donc devant la TRM.

    Car qui serait le producteur d’un tel algorithme aurait le pouvoir de décider pour autrui de ce qui est « utile » et de ce qui ne l’est pas de façon parfaitement arbitraire.

    Il est hors de question de déléguer quoi que ce soit à quelque chose que ce soit sans le consentement librement établi des hommes présents mais aussi et surtout le flux des consentements des hommes qui entrent.

    Une proposition de quelque chose que ce soit qui n’intègre pas le libre consentement du flux des hommes présents et futurs est inacceptable.

  • @Galuel qui dit :
    Une proposition de quelque chose que ce soit qui n’intègre pas le libre consentement du flux des hommes présents et futurs est inacceptable.

    ben c’est mon avis pour les théories présentées, une solution qui ne tient pas compte de la raison pour laquelle le système est injuste est inacceptable !
    Le phénomène de justice découle de la prise en compte d’un nombre phénoménal de paramètres, ce que seul un algorithme peut faire, de façon incrémentielle, progressivement. N’ai-je pas précisé que les résultats devaient en premier passer par l’opinion et s’ils ne sont pas satisfaisants, forcer à élucider les calculs qui produisent le meilleur résultat ?

    Il apparaît évident et inutile de préciser, qu’une bonne solution serait « bonne » pour des raison biens plus nombreuses que de simples frayeurs infondées et purement théoriques.
    Google, c’est du commerce. Dans le commerce les intérêts sont opposites. Dans un système viable donc non injuste, au contraire, les intérêts sont convergents.
    Par exemple avec le commerce vous avez des lobbies qui obligent les états à se mettre en guerre dans le but de leur soustraire le maximum de crédits. C’est le business. La question de fond est de justifier l’existant. Et surtout la question principale que j’ai soulevée (le premier sur toute la terre) c’est que les Droits doivent précéder les moyens.
    Que les moyens précèdent les Droits, et que ces Droits ne soient pas évalués, ça c’est inacceptable (dans la vraie vie).

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  • Je cite :

    Que les moyens précèdent les Droits, et que ces Droits ne soient pas évalués, ça c’est inacceptable

    Eh bien !? Sur quoi se base la TRM ? La TRM se base-t-elle sur des moyens, la justification arbitraire d’un existant, ou bien des Droits ?

    Il te faut lire et comprendre la TRM ami.

  • Salut Galuel
    J’avais lu partiellement la version 1 avec un enthousiasme qui n’a pas dépérit ; je trouve que c’est la meilleure avancée à l’heure actuelle.
    Les Droits (à chaque fois je mets une majuscule) dont je parle sont des droits étendus, quand une transaction concerne d’autres personnes que ses seuls protagonistes.
    Il apparaît logique de devoir estimer ces droits et à partir de là j’ai remarqué une grosse lacune, qui est l’adaptativité du droit. Par exemple on accepte qu’une ambulance ou la police fasse un excès de vitesse, et de manière plus vaste, imagine une seconde à quoi ressemblerait l’algorithme (ce mot t’énerve mais algorithme = arbitraire n’est pas un propos scientifiquement viable) qui évalue les Droits, en terme de salaire.
    Par exemple tu travailles tu as des droits, d’acheter de la nourriture. un milliard de personne n’en n’a pas le droit. Légalement, tu diras, si, il a le droit mais pas les moyens, donc en fait sont droit est confisqué par l’absence de moyens. C’est cette façon de voir les choses qui me tient à coeur. Ensuite un autre gars invente la brouette alors que personne n’y a pensé. Il a travaillé une seconde dans sa vie mais a rendu service immense à la planète entière, comment estimer ses droits ? Un algorithme c’est la formalisation des estimations de différentes échelles de mesure, par exemple il y a l’échelle de la fonctionnalité, l’échelle affective (pour le gars qui fait une musique) et je ne sait quelles autres échelles, comme l’utilité, etc… J’essaie juste de faire entendre l’idée que toutes ces notions doivent être prises en compte simultanément pour pouvoir estimer les droits qui, comparativement à tout le monde, font que personne n’est jaloux ou que le gars ne se sente pas dans une situation d’injustice. Et comme cela arrivera tout le temps, il faudra ajouter, dans l’algorithme, les nouvelles estimations qu’il faut prendre en compte, et ensuite, par effet logique, répercuter cette nouvelle échelle d’estimation à tous les autres droits. Je veux dire que produire le phénomène de justice est un sacré boulot, et que grâce aux algorithmes, à l’ère de l’informatique, ce boulot est faisable. Sinon comment opérer une équitable répartition des richesses sans additionner le total et le diviser par le nombre de gens à qui affecter ce total ? Cela me semble élémentaire.

    Une fois que tu as ce Système, formel (le système actuel est informel donc non fonctionnel donc voué à l’échec) tu vas avoir envie de l’appliquer à « ce qui justifie l’existant ». Qu’est-ce qui justifie la gratuité, la privation, etc… ? Quand on construit un barrage hydraulique par exemple cela ne peut être acceptable que si on a épuisé toutes les solutions. Mais surtout, quand on avalise une industrie, cela doit toujours être l’assurance que cette industrie est profitable, tous comptes tenus, y compris l’impact à long terme, ou de nombreuses autres notions, qui doivent être évaluées, et qui doivent nécessairement être prises en compte.

    J’ai encore énormément de choses à dire mais j’espère que la discussion se prolongera (si ce thème vous intéresse !)

  • Tout ce que dit est exactement ce que réalise la TRM. Je te le montre par quelques exemples.

    Légalement, tu diras, si, il a le droit mais pas les moyens, donc en fait sont droit est confisqué par l’absence de moyens.

    Il n’y a pas « absence de moyens » dans une monnaie libre TRM. La monnaie étant fluide à minima partout, et de façon symétrique dans l’espace-temps chaque homme ou groupement d’hommes, est libre, en accord avec la non-nuisance vis à vis des autres hommes, et pour sa durée de vie d’accéder aux ressources qu’il juge utile pour réaliser ce qu’il juge bon de réaliser. Du fait de la nature non-constructiviste d’une monnaie (qui permet d’échanger toute chose de façon non-descriptive) on peut réellement parler des « moyens » sans pour autant tomber dans le constructivisme qui consiste à décider pour autrui ce que signifie moyen ou pas dans l’espace et dans le temps. Les « moyens » selon la TRM sont libres, tandis que les « moyens » constructivistes (ou absolus) sont une nuisance qui se développe par la volonté d’imposer ses vues à autrui pour l’accès, la production et l’échange de moyens qui n’ont pas fait l’objet d’un accord conscient.

    Ensuite un autre gars invente la brouette alors que personne n’y a pensé. Il a travaillé une seconde dans sa vie mais a rendu service immense à la planète entière, comment estimer ses droits ?

    Ceci est purement l’argument de l’hélicoptère inventé par Léonard de Vinci en 1500 alors qu’il ne sera développé que 500 ans plus tard, il est impossible « d’estimer ses droits », car le produit de son travail ne se valorise que dans le futur. C’est aussi l’exemple de Debian que l’on pourrait valoriser 14 Milliards d’euros . Quelle A ETE en fait la rémunération de Léonard de Vinci, ou des développeurs de Debian dont certains sont sans doute déjà morts, quand ou souhaiterait comptabiliser un apport ?

    Cette rémunération A ETE nulle concernant ces apports particuliers. Ceci est indéniable. Mais la TRM dès ses prémices met en lumière ce point fondamental. « Les valeurs économiques ne sont pas jugées pareillement entre plusieurs générations ».

    Aussi ce serait une même erreur aujourd’hui de donner une quelconque valeur a-temporelle à ces productions que nous reconnaissons comme valeurs aujourd’hui. Car ce faisant ceux qui donneraient des droits à ceux-là plutôt qu’à autrui se verraient réfuter dans l’espace, et quant bien même avec des démonstrations forcément contradictoires, incohérentes, il pourraient par le dialogue convaincre à autrui de l’accepter dans l’espace, ils seront forcément réfutés dans le temps.

    Parce que l’hélicoptère de Léonard de Vinci n’a pas plus de valeur dans le temps que toutes les valeurs présentes et futures, il a même une valeur nulle. Chaque homme est potentiellement créateur de valeurs incommensurables qui seront un jour considérées comme grandes ou petites selon qu’on en fera usage ou pas.

    Un algorithme c’est la formalisation des estimations de différentes échelles de mesure

    Un algorithme ne serait qu’une façon erronée de faire un constructivisme plus complexe. Ce serait contraire à la TRM et au fondement de toute la science théorique et expérimentale.

    Car en effet une monnaie à DU EST l’échelle de mesure de toute valeur par le fait que cette monnaie EST non-valeur en essence, que cette monnaie EST l’intrument d’échange et de mesure, non-nuisant dans l’espace et dans le temps du fait même qu’elle est non-valeur symétrique dans l’espace-temps.

    Pourquoi est-ce le sens profond de toute la science théorique et expérimentale ? De quel exemple similaire parlons-nous ? De la lumière en physique et de son rôle théorique fondamental.

    La lumière n’est pas une particule comme les autres, sa masse est nulle, elle est la particule d’interaction par excellence.

    La vitesse de la lumière est indépendante du référentiel dans lequel l’observateur la mesure.
    La quantité relative de Dividende Universel reçu pendant son existence est indépendante de l’individu qui la mesure.

    Je t’invite à prendre toute la dimension de la TRM.

  • c’est très intéressant, mes recherches arrivent en gros aux mêmes conclusions.
    Je ne vais pas insister sur ce point, mais quand je parle d’algorithme il s’agit de formalisme, c’est à dire de raisons réelles de créer de la monnaie, ou en fait de donner les moyens, et finalement de justifier l’utilisation faite des sous-produits qui existent. Toutes les choses fonctionnelles s’expriment par des algorithmes. il y a justice si ces formalismes fonctionnent ensemble.

    Il s’agit en fait de faire que la décision de créer des moyens dépende de raisons tangibles. L’éthique en fait partie même si c’est difficile à exprimer, mais ça permet de rendre possible des activités non lucratives, il s’agit de faire que ce qui justifie une activité ne s’exprime pas uniquement, entièrement ou pas du tout selon les cas, par le succès commercial.

    Alors si ce n’est pas le succès commercial qui est garant de l’utilité d’une activité (par exemple faire des études sur la pollution) il y a beaucoup d’autres motifs qui peuvent justifier ces activités. Si on fabrique et vend des armes, quelle est l’utilité ? Si on s’en tient à ce que chacun peut faire ce qu’il veut, ça ne l’empêche pas. Si la vente n’est pas le facteur qui justifie la raison de vendre des armes, comment s’exprime cette raison ? Il faut bien qu’il y ait des gens pour dévaluer l’intérêt de fabriquer des armes, en disant que cette production n’est pas utile, qu’il vaut mieux faire autre chose !

    Les questions soulevées sont pertinentes, en effet les meilleures activités, les plus profitables, sont souvent celles qui sont gratuites. Il n’est même plus besoin de les évaluer, l’inventeur de l’hélico a rendu service à tout monde. La société profite de ce progrès, gratuitement. Il apparaît donc que ça peut faire un bel objectif que de vouloir obtenir ces résultats et de les rendre possibles.

    J’étais froissé que l’industrie du pétrole ait retardé de cinquante ans l’apparition des voitures électriques. Comment faire pour qu’on puisse donner de les moyens à ceux qui en auraient eu l’idée ? (ils se reconnaissent, ils ont été mis au banc de la société ! leurs travaux dépouillés, leurs bureaux brûlés, etc… tout ça pour vendre du pétrole le maximum possible).
    (…)
    En fait l’erreur est qu’énormément de notions, concepts et définitions appartiennent au système injuste. Dans le monde du business, dans ce cadre, rendre conventionnel les raisons qui justifient une production ou pas, est très litigieux. Etudier l’atome revient à fabriquer des bombes atomiques. Toute science sur la psychologie revient à s’en servir pour faire de meilleures pubs. Les plus beaux projets sont dénaturés et phagocytés. Toute décision externe à soi-même est confiée à des intérêts supérieurs injustifiables et autoritaires. Mais dans un contexte où l’objectif est l’utilité, c’est à dire sur le plan physique, celui de l’organisation, du rendement, de l’efficacité, toutes ces choses prennent une autre tournure. C’est pour cela que les décisions externes aux seuls protagonistes d’une tractation peuvent se référer de façon fiable à un avis externe seulement si c’est dans le cadre d’un système lui-même fiable, et donc formel.

    Et finalement c’est ce qui arrive, avec le cross-founding, on confie, de manière très rudimentaire, au public le soin d’avaliser une production, de la rendre possible.
    Il y a de nombreux arguments qui n’auront plus à être répétés sans cesse pour justifier des activités, ainsi il sera question de les formaliser voire de les automatiser, et là il y a un piège, celui de la standardisation Vs l’adaptativité (que permettent les algorithmes, mais bon l’histoire le dira, on verra).

    J’avais obtenu de mes échanges avec AJ. Holbecq le principe de la monnaie destructible, créée et détruite aussitôt après consommation. Là-dessus j’arrive aux mêmes conclusions que la TRM, le fait que la monnaie n’a pas à être frappée de rareté, elle n’est que l’expression du désir de voir se concrétiser une activité. Tous les commerçants qui fabriquent et vendent des jolis trucs cherchent évidemment à ce que cela profite, que les gens en aient envie. Un marchand de vélos aimerait que toutes les écoles et les villes aient des parcs à vélos libres d’utilisation, pas pour être riche, mais parce qu’il aime l’idée de se déplacer à la force des muscles, bon pour la santé et en plus ça pollue pas. Comment avaliser cette production et justifier aux fabriquant de tubes, aux soudeurs, aux fabricants d’outils que leur production sera utilisée à bon escient, pour le plus grand bonheur des utilisateurs ?

    Ainsi il apparaît des notions plus évoluées que le cross-founding où ce sont même les utilisateurs qui décident de ce qui doit être fabriqué, de ce qu’ils aimeraient avoir. Pour l’alimentation, c’est encore plus complexe, il faut garantir que « si ça existe, c’est que c’est le meilleur produit possible, sinon ça n’existerait pas », le plus fiable, le plus écologique, le meilleur pour la santé » etc… La mise en rapport de ces notions, évaluées avec des scores, relatifs les uns par rapport aux autres, produit le terme de l’efficacité.

    En fait le système de l’argent fait confusément énormément de choses, bonnes et mauvaises, il s’agit donc de les élucider et de les organiser.
    Bref la TRM n’est pas finie il y a beaucoup à faire encore.
    (et beaucoup à dire, et encore plus à découvrir)

  • Non ce n’est pas cela.

    Bref la TRM n’est pas finie il y a beaucoup à faire encore.

    La TRM est finie. la TRM démontre la possibilité d’une monnaie compatible avec la liberté. C’est son fondement formel et éthique. Le Dividende Universel en est une déduction forcée tout autant que la définition des axiomes de l’arithmétique force la création de (0,1,2,3,…,n) et de tout entier naturel.

    La TRM diagonalise au sens de Gödel, l’incomplétude formelle associée au système de valeurs arbitraires, en démontrant l’existence d’un système monétaire libre basé sur une non-(valeur arbitraire).

    Ainsi à la démonstration relative au calcul du DU s’ajoute la démonstration de l’origine , tout autant que de la démonstration du ratio d’échange relatif des systèmes monétaires disjoints et de tous les théorèmes induits.

    Tout comme la diagonalisation de N implique Z, ou que l’on peut compléter R par C.

    (et beaucoup à dire, et encore plus à découvrir)

    Tout système formel cohérent est incomplet ( Théorème d’incomplétude de Gödel ).

    La TRM est donc finie par qu’elle complète les systèmes monétaires qui la précèdent. Elle est incomplète parce qu’elle est formellement cohérente.

    Toutefois avant que d’imaginer pouvoir compléter la TRM il faudra en avoir exploré toute l’étendue expérimentale.

    Et ceci, je le dis en vérité, n’aura pas lieu avant une dizaine de générations au moins.

    C’est un résultat démontrable qui sera dévoilé le moment venu.

  • oui je voulais pas vous vexer, la première chose que j’ai su à propos de la TRM est qu’elle était en licence libre, possible à modifier et améliorer par n’importe qui, c’est à cela que je pensais, avec le désire d’apporter quelque chose (sans succès il me semble !).
    Après dix ans à étudier la question, j’estime avoir des choses à dire ! J’ai pensé mon projet indépendamment de tout ce qui est connu, sans vouloir améliorer l’existant mais en reprenant tout à zéro, et en mettant à profit le fait que l’informatique est un outil précieux pour automatiser les tâches. Au départ AJH, je m’en rappellerai toujours, m’a dit que je savais déjà tout ce qu’il y avait à savoir pour pouvoir penser un système non injuste, c’est dire : Rien !
    Il faut que les gens le sachent !

    A propos de l’incomplétude, je connais ! Donc c’est en passant par le formalisme et ensuite en l’affinant sans cesse qu’on atteint la perfection.
    Le plus important, hormis tout le reste, est qu’un système doit être fonctionnel, c’est à dire qu’il produise les effets qui permettent son fonctionnement.

    Mais au fait alors donc, êtes vous le créateur de la théorie de la monnaie ?
    Non parce que je connais personne ici lol

    Une grande question qui fera le succès ou l’oubli de nos travaux, c’est de savoir comment il est possible, en très peu de mots, ou en un graphique, d’expliquer « ce qu’il faudrait faire », au moment où on s’adresse à des gens ruinés et haletants, cherchant désespérément une issue.
    Ils sont là prêts à agir, condamnés à pourrir sur place, en Grèce, en Palestine, à Haïti, partout en fait, mais que faire ? Quoi leur dire ?
    C’est avec cette optique que j’ai fais toutes mes recherches, et tous les six mois à peu près par le travail, j’en ai découvert de nouvelles. ça n’est jamais fini !
    Moi c’est : Les Droits doivent précéder les moyens ! Un simple logiciel sur un simple ordi permet de tout faire fonctionner !

  • Il va falloir que je lise cela à tête reposée. Bel effort d’analyse et d’exposé, en tout cas.

  • Il suffit de cliquer sur les liens des pseudos pour savoir…

    Mais au fait alors donc, êtes vous le créateur de la théorie de la monnaie ?

    Quant à

    Moi c’est : Les Droits doivent précéder les moyens ! Un simple logiciel sur un simple ordi permet de tout faire fonctionner !

    Ca se rapproche de l’affirmation de Milton Friedman qui a dit peu ou prou :

    « Les banques centrales ne servent à rien et seraient avantageusement remplacées par une exponentielle »

    Mais bien que ça semble compatible avec la TRM dans la forme de l’exponentielle, c’est absolument faux comme assertion vis à vis de la TRM.

    En effet la TRM se base sur les 4 libertés monétaires et économiques et subséquemment sur le respect de chaque individu humain durant sa durée de vie.

    Ce qui fait que la TRM démontre que seul une monnaie à Dividende Universel respecte les libertés économiques et le principe de relativité. Mais que la TRM ne saurait affirmer qu’il faille l’appliquer sans le consentement librement établi des individus.

    Que donc la base est l’homme et l’homme durant toute sa vie, de sa naissance à sa mort.

    Que les hommes sont libres d’adopter ou non la TRM.

    Et que donc la TRM ne considère aucun « moi » qui soit légitime pour imposer quoi que ce soit à autrui sans son consentement librement établi.

  • (Ah pardon j’avais pas cliqué sur le lien !)

     » la TRM démontre que seul une monnaie à Dividende Universel respecte les libertés économiques et le principe de relativité. Mais que la TRM ne saurait affirmer qu’il faille l’appliquer sans le consentement librement établi des individus. »

    C’est la même conclusion à laquelle je suis arrivé (sans lire la TRM lol ! mais ne vous inquiétez pas ça viendra et j’espère que vous lirez mes trucs aussi !) :
    les gens veulent que ce qu’ils font serve. Dans ce système actuel, quand un gars vole de l’argent, sa récompense c’est de pouvoir accéder aux biens fabriqués dans un bon esprit, et dans ce cas le fautif est le vendeur qui n’a pas vérifié si son client avait acquit son argent honnêtement. (« n’a pas d’odeur »). C’est la raison pour laquelle il est important d’étendre à des raisons réelles ce qui justifie qu’un bien soit distribué.
    Inversement le pauvre qui a faim, on lui refuse parce qu’il ne paye pas, et dans ce cas le vendeur n’a pas la possibilité de « servir », d’être « utile ».

    Toute la question de l’économie c’est de savoir comment évaluer les biens, avec des mots, des notions, des fonctions, l’utilité, les uns par rapport aux autres, etc… en tous cas autre chose qu’une arbitraire « valeur ».
    La question c’est pas un revenu de vie, c’est l’autorisation d’accéder aux moyens basiques de subsistance, quelle que soit leur valeur. Ils doivent être nominatifs, en calories, en terme de choses à rénover ou remplacer, en termes de besoins (différents pour chacun).
    De ce point de vue, même les enfants doivent obtenir des moyens spécifiques, autant que les vieux et les malades, quelle que soit leur valeur. Un malade d’une maladie grave doit bénéficier du maximum de savoir et de technologie existants.

    « Que donc la base est l’homme et l’homme durant toute sa vie, de sa naissance à sa mort. »

    L’Homme est la mesure de toute chose (Protagoras)
    avouez qu’on est toujours contents d’aboutir aux mêmes idées que d’immenses philosophes !

    J’ai un peu peur des trucs forcenés, qui veulent absolument respecter des principes, rendre effectif un dicton, etc… je préfère souvent observer après coup si c’est logique avec ces beaux concepts et belles idées, et si ça ne l’est pas, de voir ce qui cloche.
    L’idée est que le système social doit évoluer, comme un logiciel évolue, en faisant des aller-retours entre la pratique et la théorie. Le problème du système occidental, c’est qu’il est figé, et si rien ne marche il continue quand même à être figé…
    Un système fonctionnel doit être ouvert et constamment capable de s’adapter, de façon à ce qu’il produit corresponde à ce qu’on en attend. C’est une approche empiriste, évolutive, incrémentielle, (etc…) Dans un logiciel (chose qui fonctionne) plein de choses deviennent obsolètes, tandis que d’autres sont fédérées et automatisées (ou solidifiées).
    Le système actuel aussi est comme cela, empiriste et incrémentiel, sauf que il est tellement mauvais qu’il a fallut rajouter un milliards de béquilles pour le faire tenir debout, et finalement rien ne marche. Dans ce cas il faut tout réécrire.

  • Ni oui, ni non, ni (oui et non), ni (ni oui ni non)… En conformité avec le ḡpost .

    Un système fonctionnel doit être ouvert et constamment capable de s’adapter, de façon à ce qu’il produit corresponde à ce qu’on en attend.

    Pour être plus précis « ouvert » et « modifiable » sont des caractéristiques des logiciels libres .

    Le système actuel aussi est comme cela, empiriste et incrémentiel, sauf que il est tellement mauvais qu’il a fallut rajouter un milliards de béquilles pour le faire tenir debout, et finalement rien ne marche.

    Pas « rien ». Mais il est privateur au sens de non-libre. Donc il ne fait pas « rien », mais rien qui puisse correspondre aux aspirations de chacun, étant la manifestation de la volonté de quelques uns (notamment des partis politiques privateurs).

    Dans ce cas il faut tout réécrire.

    Le système libre GNU/Linux n’a pas consisté en une réécriture du système privateur MS/Windows ou du système privateur Apple/MacOS, mais en une écriture nouvelle sur la base d’une philosophie nouvelle, la philosophie du libre et les licences libres qui vont avec.

    Je t’invite donc à considérer cette dimension d’écriture libre d’une société libre, notamment en étudiant par exemple le projet OpenUDC , et les autres projets qui proposent des modules de société libre qu’il suffit donc de développer puis d’accepter, pour que progressivement et sans rien casser de ce qui existe, il puisse y avoir l’opportunité de rejoindre des modèles de sociétés librement établis.

    Qu’ensuite les vieux systèmes meurent de leur belle mort suite à un mouvement lent et progressif vers des modules sociétaux libres, ne serait pas dû à la volonté qu’ils meurent, mais à la simple aspiration d’adopter des alternatives en développement.

  • @8119 Pas la peine de tout réécrire, il suffit de revenir aux principes fondamentaux. Libertés, droit de propriété, droit à la vie.
    Le système monétaire est-il conforme à ces principes ? Les institutions respectent-elles ces principes ?
    Le milliard de béquilles dont vous parlez est aussi hors de propos que les ajustements infinis que nécessitait le calcul de la trajectoire des planètes avant Copernic.
    Remettons les principes premiers au centre de notre univers et tout devient simple.

  • En effet,
    rien que de rendre effectifs les Droits de l’Homme, c’est déjà un sacré boulot ; c’est de là que je suis parti.
    Mais ce système (basé sur le commerce de toutes choses) a produit tout un vocabulaire inepte. La révolution c’est aussi de retrouver le sens de mots :
    Droit à la propriété pour quoi faire ?
    Pour pas qu’on ne nous confisque des trucs de façon injuste, mais finalement c’est exactement ce qui arrive à cause de ce même principe, il suffit de vous payer, avec des billets qu’il suffit d’imprimer, et qui se dévalue (très vite). L’accaparement des terres et des ressources, les guerres pour le pétrole découlent directement de ce « droit à la propriété ».
    Mais la nature, la santé, l’assurance de ne pas finir sa vie à la rue, ce ne sont pas des propriétés mais on en est quand même dépossédés. Ce terme n’est donc pas suffisant, et revenir aux fondamentaux consiste à enquêter pour comprendre ce que cela signifie. Ensuite de quoi, c’est à cela qu’il faut se référer : non à la dépossession ! (c’est pas pareil !)
    Car souvent ce dont on est dépossédés (de notre avenir, de rivières d’eau claire et potable) n’est ni matériel ni possible à détenir par un individu. La question de fond est donc plus importante que sa (stupide et étriquée) formulation.

    « Les institutions respectent-elles ces principes ? »

    Eh non bien sûr ! (aucun état ne respecte les lois faites pour les individus)
    Le système capitaliste est insuffisant donc il est outrepassé, sinon on serait contents de dire « tiens, on a trouvé un moyen de se passer des banques, donc elles doivent faire faillite, tant pis pour vous les gars ». Mais en fait c’est trop méchant de faire ça, c’est une logique de mort, et nous on cherche un degrés plus élevé d’organisation, d’efficacité.

  • Galuel
    Merci pour ces liens, ça va m’occuper un moment
    un article que j’ai écris au sujet de systèmes ouverts : Un système ouvert http://philum.info/61314 et celui-ci : Intégrisme marchand : les anneaux du serpent (Gilles Deleuze) : http://www.centpapiers.com/integrisme-marchand-les-anneaux-du-serpent-2/94444/comment-page-1#comment-31172
    Resterons en contact par email

  • Pingback: Revenu de base: peu importe le montant ! | Tête de Quenelle !

  • Bon. Eh bien, voilà un bel article, Stanislas. J’ai rapidement survolé le fil des commentaires et semble être le premier néochartaliste à m’aventurer ici. Avec plaisir 🙂

    J’espère que tu trouveras mon commentaire à la hauteur :

    En tant qu’outil d’échange, d’unité comptable, de protocole d’échange, rien ne définit la monnaie comme quelque chose de rare, limité. Cette rareté, que l’on trouve notamment dans l’étalon or, a été aboli depuis belle lurette, mais continue à hanter les esprits.

    Plus précisément, la rareté de la monnaie doit suivre celle de l’économie réelle : inutile de fixer sa quantité façon bitcoin ou or, mais il est préférable de ne pas trop en créer, l’inflation peut déstabiliser les relations commerciales et amenuise les épargnes…

    une série de mesure (investissements, grands travaux, hausse du pouvoir d’achat etc.) qui constituent en fait une vision très dirigiste de l’économie qu’un partisan du dividende universel rejettera en général. En effet, la TRM, fondée sur un principe de relativité de toute valeur, refuse en bloc l’idée que certaines valeurs seraient universelles et absolues. Dit plus simplement, l’État n’a pas à favoriser tel ou tel secteur d’activité, car ce serait imposer aux autres un jugement qui n’est que subjectif. Cela reviendrait à favoriser certains citoyens au détriment du principe d’Égalité de ces derniers.

    N’exagérons rien. D’abord, hors période de crise, les néochartalistes sont plutôt défavorables aux plans discrétionnaires de relance : ils font confiance avant tout aux stabilisateurs automatiques que ce soit à la hausse (relance) ou à la baisse (austérité) et par exemple, n’aiment pas la relance avec fixations des prix de Nixon…

    Ce qui fait que le néochartalisme est très égalitaire : chacun commerce comme il veut et a le droit à un travail chez l’Employeur en Dernier Ressort avec un salaire fixe mais digne. Quant au relativisme des valeurs, c’est un vieux débat, et pour précipiter la conclusion, il faut relativiser le relativisme et accepter que les individus puissent s’organiser en collectivité et favoriser telle valeur sur telle autre. Faut-il vraiment donner la même somme et ne pas s’encourir d’intégrer à un projet collectif, à un travail commun, tant celui qui aide des sdfs que celui qui « a la haine » et se renseigne sur internet quant aux bombes artisanales ? Aucune valeurs ne doit être mise en avant et défendue par la communauté, vraiment ? Pas même les 3 axiomes de la TRM ? Et si ces axiomes sont à défendre, pourquoi s’arrêter à trois, pourquoi ne pas poursuivre l’aventure civilisationnelle, comme elle le fait depuis si longtemps ? C’est le côté École autrichienne de la TRM : on ne prend que trois bribes de développement civilisationnel et sous prétexte de les défendre, on refuse tout autre développement, même ceux déjà réalisé. Philosophiquement un peu court.

    Les market monetarists ne seraient-ils que des héritiers des théories keynésiennes, appliquées spécifiquement aux politiques monétaires ? […] Quand des market monetarists tels que Scott Sumner appellent à un « stimulus monétaire », cela ne signifie PAS qu’ils veulent augmenter la croissance réelle par des mesures artificielles de relance de l’économie. […] les tenants du monétarisme de marché veulent normaliser le concept de neutralité de la monnaie […] érigé par les néo-classiques en hypothèse de départ, [qui] n’est pas une réalité selon les market monetarists, et il faut donc créer des normes pour que cela le devienne. […] On comprend bien l’obsession des market monetarists pour les cycles économiques, que les tenants de la TRM dénoncent eux aussi comme injustes, et pensent qu’une dose d’injection permanente de monnaie dans le circuit permettrait de stabiliser l’économie et la confiance. Pour les markets monetarists, une adaptation de la politique monétaire permettrait au moins d’atténuer ces cycles. […] Mais bien que soit-disant hétérodoxe, les market monetarists ne font que prôner un interventionnisme plus fort des banques centrales sans vraiment changer de paradigme.

    Rien de nouveau sous le soleil. Ce discours est celui de Milton Friedman, sauf que, seule originalité de Scott Sumner, Friedman choisissait la croissance de la base monétaire comme règle et espérait que le reste de la monnaie suivrait ainsi que l’économie (NGDP), l’expérience a lamentablement échoué, alors Sumner reprend exactement cette idée mais par l’autre bout : on choisit un objectif de croissance du NGDP et la banque centrale fait des pieds et des mains (assouplissements quantitatifs exponentiels etc.) en espérant relancer le crédit. Sauf que le crédit est passif. Le seul espoir c’est que les banques se distribuent l’assouplissement quantitatif sous forme de bonus et autres, et consomment pour relancer l’économie. Pour une théorie qui se veut neutre quant à la répartition de la monnaie sur l’économie, c’est aussi contre-productif que le monétarisme friedmanien son inspirateur. Rien de keynésianiste là-dedans…

    Pour faire face à ce problème, la TRM préconise un système dit de « réserves pleines » ou « 100% monnaie » avec cette nuance près que la monnaie créée, plutôt que d’être confiée au gouvernement, est distribuée sous forme de dividende universel.

    C’est bien de lutter contre les excès du crédit, c’est dommage de le faire en supprimant purement et simplement le crédit. Le système bancaire des trente glorieuses offre un bon exemple de système régulé et stable qui permet néanmoins beaucoup de crédit.

    comme les autrichiens, les « relativistes » prônent une libéralisation de la monnaie, afin de permettre l’émergence de monnaies libres.

    Note que les néochartalistes sont parfois très libertaires (cf par exemple Bill Mitchell), et ils sont très favorables aux expériences individuelles ou plus ou moins collectives. Simplement, concurrentiellement parlant, une monnaie privée a très peu de chance de faire significativement de l’ombre à une monnaie de l’État. Mieux vaut que cette dernière soit bien gérée, et que tout le monde s’amuse.

    Bien sûr, une monnaie dont la valeur est stable est préférable, mais pour les relativistes, promettre la stabilité d’une monnaie est au mieux une illusion, au pire une grave erreur (voire un mensonge). Ou les trois à la fois 🙂 …

    Certes, mais puisque la chose est préférable, à efficacité égale par ailleurs, mieux vaut un système avec une meilleure stabilité des prix. La TRM s’enquiert fort peu de cette question. Comme Stéphane me l’avait dit lui-même, c’est une théorie uniquement monétaire, elle ne veut pas mieux savoir comment elle embraye sur l’économie réelle au nom du relativisme qu’elle prône. Dommage.

    En revanche, le postulat de la TRM, c’est qu’il existe déjà des montagnes de richesses qui sont créées sans « monétisation » : ce sont les richesses non-marchandes. Or, dans le système monétaire actuel, ces richesses là ne sont pas reconnues. Pire, elles dépendent de la monétisation d’activités marchandes.

    Ça me rappelle la biographie de Keynes par Gilles Dostaler (je vous la recommande à tous). Dans la conception des choses de Keynes, la matérialité était très déprécié en faveur des arts… Mais ce n’est pas parce qu’on verserait de l’argent uniformément à tout le monde que les valeurs non-marchandes deviendraient marchandes. Au mieux, parmi ceux qui en reçoivent, une partie (Minoritaire, majoritaire ? On ne sait pas.) pourrait effectivement se consacrer plus complètement à des activités désintéressées et pourtant très « productives » à défaut d’être marchandables. Mieux vaudrait toutefois que ce complément ne deviennent pas dispense de travailler, sans quoi il faudra compter sur l’inflation imposée par ceux qui travaillent et veulent le maximum pour rééquilibrer en leur faveur la répartition des revenus, la substance de l’allocation universelle serait alors évaporée, et ça ne pèserait guère plus qu’en Alaska dans le total du revenu individuel annuel.

    Le désintéressement est et restera le domaine des loisirs, pour l’essentiel, me semble-t-il.

    La monnaie n’étant rien d’autre qu’un protocole, nous pouvons parfaitement en décider autrement.

    Bien non, en fait. La monnaie, comme toute chose, est une réalité qui n’émerge pas indépendamment des autres, et ces autres conditionnent ce qu’on peut faire avec, et ce qu’on ne peut pas faire avec. En l’occurrence, je préfère le pragmatisme néochartaliste 😉

    Mais pour ceux qui sont toujours effrayés par la TRM, soyez néanmoins rassurés, cette théorie est toujours ignorée de The Economist, ainsi que dans sondages du Financial Times… Il y a encore du chemin à faire ! 😉

    Hou là. C’est un travail titanesque que seul des fourmis peuvent accomplir, que de faire évoluer les idées dominantes. La prime à l’existant est énorme : le monétarisme de marché est un énième replâtrage du monétarisme friedmanien, c’est lui qui l’emporte à 40 %, l’école autrichienne est une vieille tradition des années 1940 jouant à fond sur l’individualisme américain et recueille 28 %, le néochartalisme en seulement deux décennies monte à 12 %. Encourageant, somme toute.

    Ôte-moi un doute, Stan, C’est celui-ci de mes articles qui a inspiré le tien, ou ça n’avait pas de rapport ?

    Mes salutations à tous 😀

  • @JB

    C’est bien de lutter contre les excès du crédit, c’est dommage de le faire en supprimant purement et simplement le crédit

    La TRM est compatible avec le 100% monnaie certes. Mais la TRM n’implique absolument pas de supprimer le crédit. Il y a un point dans la TRM qui préconise ce que doit être un crédit compatible avec la TRM.

    La TRM distingue la monnaie de base, qui doit être relative, créée via un DU dont les caractéristiques sont démontrées, et la monnaie crédit, qui non seulement a ses caractéristiques propres qui pour être cohérentes avec la TRM sont aussi dans un espace démontrable et en sus ne doit pas porter le même nom.

    Sur la remarque concernant Friedman : Friedman n’a aucunement précisé COMMENT la monnaie de base devait croître. Et c’est bien ce point fondamental que la TRM éclaire NON PAS en affirmant ceci ou cela, mais en DEMONTRANT que les 3 libertés économiques ne sont respectées que SI ET SEULEMENT SI le DU a une valeur dans une plage déterminée par la masse monétaire, le nombre de citoyens et l’espérance de vie.

    Il faut lire et comprendre la TRM pour comprendre ce qu’on peut dire à son propos qui soit coéhrent et ce qu’on ne peut pas dire qui serait contradictoire. Surtout il convient de saisir et très peu nombreux sont ceux qui l’ont compris, que la TRM implique un résultat fondamental qui est purement formel et non-arbitraire, à savoir que ne pas appliquer un système monétaire à DU implique la négation des Droits de l’Homme.

    Car la TRM ne fait que démontrer à partir des postulats des Droits de l’Homme. Absolument rien d’autre.

    Ce que ne fait aucune autre « théorie monétaire » qui prend pour prémisses des bases formelles en totale contradiction avec eux.

  • @ Galuel

    Ne mélange pas tout. Ma critique de la suppression du crédit concernant le « 100 % monnaie », et ma critique à base de Friedman concerne les monétaristes de marché.

    Que la TRM s’occuppe plus de la réalité que le bitcoin ou l’or en prenant en compte le nombre de personne et l’espérance de vie, c’est très bien. Qu’elle le verse uniformément plutôt qu’au sein du système financier est excellent. Qu’elle cherche à concilier des principes et des mécanismes concrets est louable. Mais il est dommage qu’elle refuse, comme tu me l’avais dit l’autre soir, de prendre en compte le très vaste reste du réel. Il n’y a pas que le nombre de personne et leur espérance de vie qui influe sur l’économie réelle, et les principes nécessaires à l’humanité ne se limitent pas à ces trois là.

    Je préfère le néochartalisme, pour faire court, parce qu’il est beaucoup plus souple et résulte de la longue expérience sédimentée dans les diverses pensées et pratiques de la monnaie. Il est à la fois plus aventureux, s’occupant de bien plus de sujet (à commencer par l’inflation qu’il prend beaucoup plus au sérieux) tout en étant beaucoup plus réaliste et pragmatique. Il n’y a aucune loi à passer pour la plupart des pays (pas la zone euro, malheureusement pour nous).

    Amicalement,

    jbb

  • @JB

    Mais il est dommage qu’elle refuse, comme tu me l’avais dit l’autre soir, de prendre en compte le très vaste reste du réel

    La TRM ne « refuse » rien. C’est une incompréhension que de déclarer cela. La TRM démontre que si l’on veut respecter les trois libertés économiques ainsi que le principe de Relativité, alors, un système monétaire doit être un système monétaire à DU dont le montant est proportionnel à la masse monétaire, inversement proportionnel au nombre de citoyens et à l’espérance de vie moyenne de la zone monétaire considérée.

    La TRM ne fait donc aucunement un quelconque jugement de valeur du type :

    prenant en compte le nombre de personne et l’espérance de vie, c’est très bien. Qu’elle le verse uniformément plutôt qu’au sein du système financier est excellent. Qu’elle cherche à concilier des principes et des mécanismes concrets est louable

    La TRM ne dit pas « c’est bien » ou « c’est mal », c’est « excellent » ou « c’est mauvais ». En aucune façon la TRM ne peut définir quelque échelle de valeur que ce soit.

    La TRM exprime la cohérence logique avec l’adoption des Droits de l’Homme. Absolument rien d’autre.

    Celui qui affirme que la TRM « fait » quoi que ce soit, n’en comprend pas plus l’expression que celui qui affirmerait que Euclide a créé une géométrie qui voulait intégrer le théorème de Thalès, le théorème de Pythagore, ou le théorème de la médiane des triangles.

    En aucune façon ces théorèmes ne sont les fondements de la Géométrie Euclidienne.

    Il convient de différencier les implications du respect de la cohérence d’avec les fondements que l’on veut suivre ou ne pas suivre.

    Tout le monde ne souhaite pas respecter les Droits de l’Homme. Et vis à vis de ce choix là, la TRM ne dit absolument rien. cf Philosophie Politique ou encore Les civilisations esclavagistes ne sont pas notre modèle .

  • @Jean Baptiste : Merci de ta lecture et de ton riche commentaire !

    « la rareté de la monnaie doit suivre celle de l’économie réelle »

    Comment ? Je doute de la compétence et des politiciens et des banquiers pour le faire.

    « Faut-il vraiment donner la même somme et ne pas s’encourir d’intégrer à un projet collectif, à un travail commun, tant celui qui aide des sdfs que celui qui « a la haine » et se renseigne sur internet quant aux bombes artisanales

    Assez réducteur comme raisonnement. Il faudrait déjà en amont se demander pourquoi des gens en arrivent à se demander comment fabriquer une bombe… ! N’y aurait-il pas un lien avec le fait que l’on pousse les gens dans une concurrence acharnée entre eux ? Que l’on pousse les nations dans une compétition sans merci où seule la loi du plus compte ?

    Le revenu de base contrecarre précisément ces phénomènes car il arrête d’exclure des gens pour leur diversité. Il désamorce ainsi un certain nombre de facteurs de jalousie et de haine.

    Ensuite, la motivation à oeuvre pour le collectif est d’autant plus forte lorsqu’elle est pleinement volontaire plutôt qu’imposée. Et c’est là encore où le concept d’employeur en dernier ressort résonne dans ma tête davantage à un STO 2.0 qu’à une vraie chance pour les individus de s’épanouir et de contribuer au bien commun.

    Sauf que le crédit est passif. Le seul espoir c’est que les banques se distribuent l’assouplissement quantitatif sous forme de bonus et autres, et consomment pour relancer l’économie.

    Assez d’accord 🙂

    C’est bien de lutter contre les excès du crédit, c’est dommage de le faire en supprimant purement et simplement le crédit.

    En fait je pense avoir un peu déformé l’esprit de la TRM en disant cela, puisque comme l’a dit Stéphane, la TRM est compatible avec le crédit ET avec le 100% monnaie. Je pense à titre perso que le passage éventuel au 100% monnaie ne se fera de toute façon pas du jour au lendemain, mais plutôt par une transition progressive avec une augmentation des taux de réserves des banques. On pourra ainsi ajuster au fur et à mesure le rythme de cette transition.

    La TRM s’enquiert fort peu de cette question. Comme Stéphane me l’avait dit lui-même, c’est une théorie uniquement monétaire, elle ne veut pas mieux savoir comment elle embraye sur l’économie réelle au nom du relativisme qu’elle prône. Dommage.

    La TRM ne s’y intéresse effectivement pas (ce n’est pas sa méthodologie), mais cela ne veut pas dire que le dividende universel est sans réalité empirique.
    Aujourd’hui les français touchent en moyenne 350-400 euros de la redistribution sociale (hors santé / chômage / retraites), un montant qui se rapproche étrangement du DU calculé par la TRM.

    De plus, les expériences de revenu de base qui existent à travers le monde montrent des effets globalement positifs qui tendent donc à confirmer la pertinence de la TRM (cf cet article : http://www.bastamag.net/article2056.html )

    Mais ce n’est pas parce qu’on verserait de l’argent uniformément à tout le monde que les valeurs non-marchandes deviendraient marchandes.

    Ca tombe bien, ce n’est pas le but !! Le but est simplement de reconnaitre les valeurs non marchandes, pas de les rendre marchandes !!!

    Sur l’inflation ensuite, on comprend avec la TRM ne veut rien dire puisqu’i est impossible de calculer la véritable inflation. Avec un revenu de base, le développement de la production non marchande et des valeurs non mesurables rendra probablement cet indice caduque. Concrètement, peut être que le prix des tomates et de l’essence augmentera, mais si en contrepartie on a que des logiciels libres gratuits et davantage de culture gratuite, sera-t-on vraiment perdants ??

    Ôte-moi un doute, Stan, C’est celui-ci de mes articles qui a inspiré le tien, ou ça n’avait pas de rapport ?

    Possible, mais je ne sait pas de quel article tu parles (lien oublié ?)

    Merci d’alimenter la discussion !

  • @ Stan

    Moi aussi, ça me fait plaisir de te lire 🙂

    L’Employeur en Dernier Ressort n’est pas un STO même 2.0. La durée légal du travail y serait aussi de 35 heures, ça laisse quand même beaucoup de loisir. Contrairement au STO (du moins par la suite), l’EDR est un DROIT, pas un devoir. Si tu ne veux pas, tu ne fais pas. Généralement, même si on peut discuter les détails, on s’accorde à dire qu’il faudrait une règle du style « on a droit à trois proposition d’emploi correspondant à ses compétences chez l’EDR », afin de limiter les conflits personnels, etc. sans abuser de la bonne volonté de l’EDR. Le salaire serait un bien meilleur salaire que le DU : au moins le SMIC, et vu le rattrapage nécessaire du pouvoir d’achat après des décennies de productivité non-redistribuée, il faudrait 1,5 à 2 SMIC pour stabiliser l’économie à son plein potentiel. C’est beaucoup plus que le DU.

    Vous dites qu’il ne faut pas s’occuper de l’inflation parce qu’on en peut pas la mesurer. Je le sais bien, j’ai étudié la question. Maintenant parlons franchement et sérieusement : sommes-nous pour autant incapable de faire la différence entre l’évolution des prix actuellement en France et celle dans la République de Weimar dans les années 1920 ? Oui, on ne peut mesurer avec une absolue précision l’inflation. Rejette-t-on toute la physique parce qu’il y a toujours des erreurs de mesures ? Non. On en tient compte et on essaie d’avancer avec. Pareil pour l’inflation : toutes choses égales par ailleurs, mieux vaut avoir des prix stables qu’erratiques. Donc, si on peut avoir la justice sociale ET l’efficacité économique, mieux vaut porter quelques attentions aux si nombreux économistes qui se sont penchés sur ces problèmes, et aussi à tous les gens ordinaires qui ont dit souffrir de cet « immensurable » inflation. Lorsque les faillites s’enchaînent parce que les prix ont chuté et que les paiements promis ne peuvent être accomplis, c’est un problème ; lorsque les épargnes fondent parce que de l’inflation n’a pas pu être anticipée et contrée, c’est un problème. Tous ceux qui sont gênés ne sont pas que des odieux capitalistes, ça peut-être quelqu’un qui veut s’acheter plus tard une maison, etc.

    Voilà une tentative de synthèse que je te propose pour améliorer votre idée de DU, bien que je ne soutienne pas cette proposition personnellement. Au lieu de saupoudrer avec un déstabilisateur automatique façon TRM, vous pourriez redéfinir l’impôt sur le revenu ainsi :

    i = t*(r-s)

    Avec i le montant d’impôt à payer, t le taux de taxation, r le montant du revenu, et s le montant du smic ou du revenu minimum. Autrement dit, si la personne n’a aucun revenu, elle paie -t*s c’est-à-dire qu’elle reçoit t*s. Pas d’effet de seuil : à aucun moment la personne gagne mois si r augmente ; pas de contrepartie de travail façon EDR. Un truc qui te plairait, et qui serait contracyclique, donc ce qui se fait de mieux pour stabiliser les prix.

    Si tu trouve que l’allocation à recevoir (l’impôt négatif à payer) serait trop faible — si on a aucun revenu, par exemple, avec un t = 30 % d’impôt sur le revenu, et s = le SMIC actuel soit 1 400 € aujourd’hui en France, ça donne i = – 420 € — voici une alternative :

    i = t*(r+s)

    Avec s donné universellement par l’État. Ça rapporte plus que la précédente proposition si t < 50 %. Dans l'exemple précédent, au lieu de 420 €, on reçoit 980 €. C'est un poil moins contracyclique, mais ça reste beaucoup mieux que le DU de la TRM (la taxation est légèrement rognée partout, à hauteur de s*(1-t), l'économie prendra vite l'habitude de compenser cela par des recettes fiscales par ailleurs, principalement la TVA).

    Ou encore :

    i = t*r – s

    Dans l'exemple, ça donne le SMIC, soit 1400 €. Même remarque quant à la contracyclicité que le précédent.

    Bref, pitié, ne sacrifiez pas l'analyse un peu terre à terre et technique aux beaux idéaux, ces derniers vous remercieront de les rendre toujours plus concrètement et efficacement praticable. Après tout, c'est ce que vous avez commencé à faire en vous préoccupant d'un DU, le pas suivant ne vous en sera que plus naturel.

    Possible, mais je ne sait pas de quel article tu parles (lien oublié ?)

    Je parlais de cet article https://frappermonnaie.wordpress.com/2012/01/04/le-neochartalisme-simpose-dans-le-debat-americain/

  • @JB

    Rejette-t-on toute la physique parce qu’il y a toujours des erreurs de mesures ? Non. On en tient compte et on essaie d’avancer avec.

    Le problème de la mesure est plus subtil que cela. Le fait même de mesurer MODIFIE l’état du système, ce qui est bien plus profond qu’une « erreur ». C’est un acte qui a des conséquences causales non négligeables. En choisissant de s’accrocher à une prétendue « mesure » l’apprenti économiste agit comme un apprenti sorcier, il ne comprend pas ce qu’il fait.

    Pour le reste tu noteras que nous ne critiquons par le néo-chartalisme sans préciser d’où nous le faisons et certainement pas en implorant la « pitié » pour que les tenants de cette approche changent leur fusil d’épaule.

    Non la TRM inclut au plus profond de son fondements l’existence d’approches différentes et incompatibles de ce qui est valeur ou pas.

    Il est louable que tu essaies de voir comment un DU néo-chartaliste serait défini.

    C’est ce que prévoit la TRM. La convergence est inévitable. La TRM prévoyant sur la base de son fondement et des données expérimentales connues à « t » le montant futur du DU, la plage de dates historiques où tout cela a commencé et celle où le DU se déploiera de façon visible dans les zones monétaires où il ne pourra plus ne pas être effectif en tant que tel.

    Si les données passées en confirment l’adéquation causale, seule l’expérience permettra d’en valider la prédiction obtenue de la même façon.

  • @ Stan

    J’oubliais :

    Oui, bien sûr, il faut s’enquérir de la psychologie et des conditions sociales de la personne qui en vient à poser des bombes. C’est justement pour ça que je préférais rompre l’isolement avec un travail confortable, digne, avec des relations sociales, approuvé par toute une communauté, et non-obligatoire. Mais justement, le DU se fiche éperdument de toute contrepartie à l’argent donné. Être un hébergeur d’orphelins, être un terroriste anarchiste, ce sont des valeurs que le relativisme est incapable de trancher.

    @ Galuel

    Tes 3 axiomes sont déjà des valeurs. Un communiste interdira la liberté du commerce au nom des valeurs. Ta neutralité axiologique est beaucoup plus douteuse encore que celle de Max Weber.

    Oui, avec des mesures on peut agir sur le système, et le modifier. Et alors ? L’état mesuré appartient au passé : l’inflation était ce qu’elle était, avec ou sans erreur de mesure. En quoi ça fait des stabilisateurs automatiques une mauvaise idée ? Tu as pris un rail de coke en raisonnant l’économie en terme quantique. Fabuleux. Je préfère une (im)précision newtonienne à une analogie quantique mal assimilée qui cherche à empêcher de progresser sur le champ de l’inflation. Je te recommande Bricmont et Sokal Impostures intellectuelles pour le placage de théorie quantique sur les sciences sociales, les recherches de Benoît Mandelbrot sur la modélisation des cours de bourse toujours plus aboutis, et surtout, surtout, de Nassim Nicholas Taleb Le cygne noir ou encore Le hasard sauvage pour comprendre pourquoi les modélisations super-géniales prédisant le cours de l’économie se cassent la figure sempiternellement. Je préfère la rusticité du néochartalisme, au moins, c’est un truc directement ancré dans le réel (l’équation est comptable, non modélisée), éprouvé, efficace. Et on peut faire tout ce qu’on veut avec : du 100 % monnaie, un DU, du moment qu’on comprend ce que signifie « stabilisateur automatique ».

    Bon je constate que je me répète, et que toi aussi, donc ce sera ma dernière réponse (probablement 😉 : un gidmoz suffit.

  • @JB

    La TRM ne fait pas de raisonnement quantique, nulle part. J’ai juste fait une remarque concernant l’aspect douteux 1) de la mesure de quelque chose arbitrairement défini comme « inflation » et 2) l’impact potentiel de toute mesure sur un système. Non pas pour valider la TRM ou invalider le néo-chartalisme. Mais pour relativiser.

    Car la TRM est une théorie relative, qui choisit délibérément de prendre pour valeur l’homme. Oui bien sûr la TRM choisit une base de valeur, tout en prétendant que c’est bien un CHOIX et pas autre chose. En l’occurrence celui des trois libertés économiques.

    Ensuite des fondements ne se démontrent pas. Ils se choisissent ou se rejettent. Et là dessus la TRM ne dit rien. Donc la TRM ne dira rien non plus sur le néo-chartalisme. Ni bien, ni mal. Elle dira juste que ce ne sont pas les fondements qu’elle a elle même choisi, mais que reconnaissant la relativité de toute valeur, elle n’a pas de problème à intégrer cette valeur particulière dans son référentiel.

    Pas sûr que l’inverse ne pose pas de problème. Mais cela la TRM n’en discute pas.